Les Autrices Incontournables en SFF

 

Après nous avait fait plancher sur les œuvres incontournables du XXIème siècle (ICI et LA), Nevertwhere nous propose cette année de lister dix œuvres imaginaires écrites par des femmes ou dix autrices appartenant au micromacrocosme de la SFFF. Voilà donc ma liste regroupant les onze autrices qui m'ont le plus marqué :

• Emily Saint John Mandel : J'ai découvert l'autrice canadienne avec L'hôtel de verre, j'ai enchainé directement avec son seul roman vraiment SF : Station Eleven, avant de poursuivre avec son premier livre Dernière nuit à Montréal. A chaque fois, j'ai été bluffé par son écriture et la (dé)construction de ses récits qui transforment ses histoires en immense puzzle. Une autrice dont on devient vite addict.

• Claire North : Autrice londonienne aux multiples pseudonymes, elle est connue en France pour ses thrillers fantastiques de très haute tenue que sont Les quinze premières vies d'Harry August, Touch et La soudaine apparition de Hope Arden qui s'appuient tous sur le même ressort. Dernièrement est paru le premier opus de La Maison des Jeux, une novella inqualifiable mais exceptionnelle. Une excellente conteuse à l'imagination débordante.

• Nancy Kress : La reine du Biopunk. Son chef d'œuvre L'une rêve, l'autre pas est un must du genre. Souvent réputée froide, clinique, l'autrice américaine n'en est pas moins une référence de l'imaginaire. Elle officie dans de nombreux genres et excelle dans le format court que ce soit avec les nouvelles, certaines regroupées dans Danses aériennes, ou les novellas comme La Fontaine des âges.

• Emma Newman : Seuls deux de ses romans ont été publiés en France : Planetfall et sa suite After Atlas. Malheureusement le succès n'a pas été au rendez-vous et les autres romans du cycle n'ont pas été traduits. Chaque livre est indépendant des autres et peut se lire comme un one-shot même si tous sont intimement liés. Je vous invite à découvrir et savourer pleinement ce cycle.

• Karin Lowachee : Cette autrice canadienne n'a publié que quatre romans et quelques nouvelles. Sa trilogie Warchild mettant en scène un enfant de 8 ans que l'on va suivre pendant une dizaine d'années, est injustement méconnue. Cette série est très sombre, à la limite du glauque mais d'une rare efficacité.

• Audrey Pleynet : Ce sera la seule autrice française de cette liste, non pas que nos autrices n'aient pas de talent mais peu s'emparent des thèmes qui me sont chers. Audrey Pleynet le fait et avec beaucoup d'habileté. L'exemple le plus frappant est son recueil autoédité Ellipses. Elle est aussi à l'affiche de nombre d'anthologies et vient d'être publiée pour la première fois dans la revue Bifrost. En espérant la lire dans des formats un peu plus long.

• Johana Sinisalo : Je n'ai lu que deux romans de l'autrice finlandaise, des dystopies très marquantes. La première Avec joie et docilité sur la place des femmes dans nos sociétés, et la seconde Le sang des fleurs sur la disparition des abeilles, deux marqueurs de notre monde contemporain. Et à chaque fois l'autrice fait mouche.

• Jo Walton : la reine de l'uchronie. Même si l'autrice galloise officie largement dans la Fantasy, je ne la connais que par ses romans uchroniques, le plus célèbre étant Mes vrais enfants, une histoire touchante et bouleversante. Sa trilogie du Subtil Changement autour de la seconde guerre mondiale mérite aussi d'être lue. Sans oublier Morwenna, une ode à la lecture tout en subtilité.

• Mary Robinett Kowal : Cette romancière américaine a écrit de nombreuses nouvelles et quelques romans. Elle est surtout connue pour son cycle Lady Astronaut (le seul traduit en France à ce jour) qui mêle uchronie et aventures spatiales dans une douce ambiance rétrofuturiste.

• Margarett Atwood : Autrice canadienne mondialement connue pour son chef d'œuvre La servante écarlate. Cette effroyable dystopie justifie à elle seule sa place dans cette liste. Sa suite Les Testaments est un ton en dessous mais est tout à fait recommandable. 

• Ada Palmer : Pour ses premières publications, l'autrice américaine place la barre très très haut avec son cycle Terre Ignota. Œuvre magistrale aussi bien sur la forme que sur le fond, elle n'en est pas moins très clivante : on adore ou on déteste, il n'y a pas de demi-mesure pour ces romans qui ne sont pas les plus facile d'accès.

Toute liste est un crève-cœur, il faut faire des choix totalement subjectifs voire aléatoires, j'ai essayé de me concentrer sur les autrices dont j'ai lu et apprécié au moins deux écrits. De ce fait, je me suis coupé de quelques pépites, je pense particulièrement à Catherine Dufour avec sa biographie d'Ada Lovelace, à Becky Chambers et son incroyable Apprendre si par bonheur ou encore Soeurs dans la guerre de Sarah Hall une dystopie terrifiante, sans oublier Amatka de Karin Tidbeck. J'aurais également pu ajouter Marie Vingtras pour Blizzard et Alexandra Koszelyk pour A crier dans les ruines mais ces deux romans ne sont pas réellement de l'imaginaire.