Station Eleven - Emily St. John Mandel

La mélancolie du désastre

Après avoir lu et beaucoup aimé L'hôtel de verre d'Emily St John Mandel, je m'étais promis de lire d'autres romans de l'autrice canadienne. Mon choix s'est naturellement porté sur le livre le plus SF de sa bibliographie : Station Eleven, un récit post-apo.

Tout commence au théâtre où Le Roi Lear de Shakespeare est à l'affiche. Arthur, l'acteur qui joue le rôle principal succombe à une crise cardiaque pendant la représentation. Un spectateur essaye en vain de le sauver. Dans les coulisses et sur scène c'est l'étonnement, un monde vient de s'écrouler. Mais ce que personne ne sait encore c'est qu'au même moment une grippe particulièrement contagieuse se propage tout autour de la planète faisant des centaines de millions de morts, le Monde est en train de s'écrouler.

La première partie du roman, glaçante de réalisme, nous plonge directement au coeur du chaos. Grâce à une écriture très visuelle il est facile de s'immerger dans le contexte. Cela nous montre que nos sociétés occidentales ne sont pas préparées à ce genre de pandémie. Difficile de ne pas faire un parallèle avec la situation actuelle (rappelons que le livre a été écrit en 2015, bien avant la crise sanitaire que nous traversons !)

Emily St John Mandel pose toute son histoire autour de cette pièce de théâtre, point de départ du monde d'après, point de repère de son récit. Les chapitres alternent entre l'avant et l'après sur une cinquantaine d'années allant du début de carrière de l'acteur, à plus de vingt ans après la pandémie, promenant le lecteur grâce à de nombreux flashbacks, croquant des morceaux de vie des différents protagonistes. Le tout peut sembler décousu mais rien n'est laissé au hasard, tout est lié jusque dans les moindres détails. 

Il n'y a pas vraiment d'intrigue, seules les personnes comptent, leur vie, leur passé, leur futur. L'autrice nous fait vivre leur quotidien : on souffre, on rit, on pleure avec les rescapés, on s'agace, on s'émeut avec les futilités de la vie d'avant. Chaque personnage est croqué avec finesse, pas de manichéisme éhonté, défauts et qualités sont dépeints avec talent, rendant l'ensemble très crédible. Station Eleven est une ode à la vie et à la culture, un récit terriblement attachant tout en mélancolie, très sobre, parfois sombre mais où l'espoir ténu reste le fil directeur. 

Station Eleven est un roman déstructuré, sautant d'un personnage à l'autre, d'une époque à l'autre reliant les plus anodins détails pour en faire une histoire de toute beauté. Une merveille de construction narrative, intelligente et véritablement bluffante. L'autrice ira même jusqu'à reprendre certains personnages et éléments de ce roman dans L'hôtel de verre, imbriquant ainsi ces deux livres entre eux.

Un must, un roman à lire de toute urgence et une autrice à découvrir.


Commentaires

  1. J'avais noté et oublié cette référence. Merci de me la rappeler !

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    1. Je pense que tu vas grandement apprécier la lecture.

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  2. Archi-tentant, faut vraiment que je me lance.
    Et du coup tu vas poursuivre avec ses oeuvres moins SF maintenant ? ^^

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    1. Celui-ci te plaira probablement plus que le L'hôtel de verre. Je me demande pourquoi je ne l'ai pas lu avant !

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  3. Ouiiiiii! Ce roman est Dans mon top 3 de tous les temps. Un bijou de construction en effet. Un post apo d’une beauté folle.

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    1. Une belle surprise en effet, Emily St John est une autrice à suivre.

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  4. Je le note.J’espère qu’au niveau construction je vais m’y retrouver.

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  5. Je l'avais en wish-list pendant des années et puis j'ai un peu oublié pourquoi il y était. Merci du rappel ^^

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  6. J'avais repéré sa sortie poche celui-ci.

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  7. Il est dans ma liste lui, tu me rappelles de le lire dans pas trop longtemps, merci !

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