Un background époustouflant
Amatka de Karin Tidbeck est un roman dystopique à l’étrangeté surprenante. Amatka est le nom d'une des cinq colonies qui composent le monde que nous allons découvrir. Je parle de monde car il est impossible lors de la lecture de savoir où et quand nous nous trouvons. De fortes similitudes avec notre bonne vieille Terre peuvent faire penser que nous y sommes mais rien ne l'atteste vraiment. Qu'importe, le sujet est ailleurs...
Vanja de Brilar Essre Deux est détachée de la colonie principale, Essre, pour mener une étude de marché sur les produits d'hygiène utilisés dans la colonie d'Amatka. Etude qui se révèle un peu compliquée, les habitants d'Amatka n'utilisant que les produits autorisés par le Comité et ne voulant surtout pas changer leurs habitudes. C'est en suivant le séjour de Vanja que nous découvrons petit à petit le totalitarisme et l'autoritarisme qui sévissent en ces lieux. La routine de chaque habitant est bien huilée : travailler et se reproduire. Tout le monde semble heureux et se conforme à la pensée unique délivrée par l'administration centrale. Vanja va cependant vite se rendre compte que la dissidence est présente et qu'il en faudrait peu pour mettre à mal la politique établie.
Le point fort de ce roman est l'étrangeté du monde dans lequel il se déroule. Les habitants sont obligés de nommer et marquer chaque chose à intervalles plus ou moins réguliers pour éviter qu'elle ne se délite et ne retrouve sa forme primitive de mélasse. Le pouvoir du langage, bien qu'il ne soit pas utilisé au maximum de ses possibilités, donne toute sa puissance au récit.
Les premières pages sont très visuelles. L'atmosphère lugubre et froide est très prenante. Petit à petit on découvre le système politique relativement simple, une dictature collectiviste : tout est décidé par le Comité, pour le Comité. L'individu est au service du collectif, chaque déviance étant sévèrement punie. Rien de nouveau dans la littérature du genre mais le tout est subtilement traité par une écriture fluide et enlevée.
Le roman est relativement court, rythmé, on ne pourra regretter que deux choses : une dernière partie trop peu explicite et un final un peu rapide. Mais l'essentiel n'est pas la destination mais le chemin pour y parvenir, et de ce côté le roman de Karin Tidbeck tient toutes ses promesses. Une dystopie fantastique (dans tous les sens du terme) qui amène une réflexion autour des pouvoirs, pouvoir des mots et pouvoir politique.
Je partage entièrement ton avis. Un auteur à suivre de près.
RépondreSupprimerUne auteure à suivre... ;-)
SupprimerUne belle chronique. Je trouve que ton avis et celui de Le chien critique se recoupent bien et donnent une bonne idée sur ce roman. Par contre je ne suis pas sure que ce soit une lecture pour moi même si elle m'intrigue beaucoup.
RépondreSupprimerFaut parfois se laisser tenter et sortir des sentiers battus. La surprise peut être agréable !
SupprimerBon toi et notre ami canin vous êtes sur la même longueur d'onde. Je crois que vous me donnez vraiment envie de découvrir cet auteur. Je vais donc me laisser tenter bien que certains élements ne soient pas trop ma tasse de thé (l'aspect politique).
RépondreSupprimerBelle critique!
Merci.
SupprimerCa se lit vite, c'est très prenant et plus j'y pense plus j'aime l'univers décrit.
C'est tentant, étrange et tentant !
RépondreSupprimerIl faut tenter l'étrangeté...
SupprimerJe vais peut-être le lire un jour du coup !
RépondreSupprimerCa pourrait te plaire... ;-)
SupprimerJe me retrouve tout à fait dans ton avis. Un petit plus pour moi pour la fin, que je trouve très originale pour le genre.
RépondreSupprimerEt là, je me rends compte que j'ai oublié la fin... lol
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