Méfiez-vous du chien qui dort - Nancy Kress

 
Visionnaire mais un peu vieillot

Après avoir lu l'excellent Sweet Harmony de Claire North, j'ai eu envie de me replonger dans des univers biopunks. Mon choix s'est naturellement tourné vers la papesse du genre, Nancy Kress, même si je n'adhère pas à l'ensemble de ses textes. En effet dans son recueil Danses aériennes paru au Bélial, seule la moitié des textes m'a vraiment intéressé, tout comme les deux novellas Une-Heure-Lumière : Le Nexus du Docteur Erdmann et La Fontaine des âges. D'autres parus chez ActuSF m'ont laissé beaucoup plus dubitatif comme Après la chute ou Les hommes dénaturés. Et s'il ne fallait retenir qu'un seul texte, L'une rêve, l'autre pas serait celui-ci, un classique, une lecture indispensable. Toujours est-il qu'au fond de ma liseuse, Méfiez vous du chien qui dort sommeillait depuis quelques années, l'occasion de me confronter une nouvelle fois à six nouvelles de l'autrice américaine.

Les nouvelles de ce recueil sont parues originellement entre 1981 et l'an 2000, certaines sont intemporelles d'autres ont malheureusement subi les outrages du temps et de la technologie. Cet amalgame de textes, sans lien entre eux manque de cohérence aussi bien sur le fond que dans les thématiques abordées.

Méfiez-vous du chien qui dort est une nouvelle qui se déroule dans l'univers de L'une rêve, l'autre pas, reprenant les lieux et les personnages de celui-ci, il est donc recommandé de l'avoir lu avant pour en saisir l'ensemble des tenants et aboutissants. Expérimentation animale, éthique, lobbying pharmaceutique et surveillance de la population sont au coeur de cette nouvelle qui même si elle a un peu vieillie et n'a pas la portée de L'une rêve, l'autre pas, reste percutante et toujours d'actualité.

Le second récit, La montagne ira à Mahomet, est quant à lui intemporel et nous narre un futur où les soins médicaux seront dispensés aux personnes ayant de l'argent mais aussi un profil génétique "acceptable". La marchandisation de la santé dans toute sa splendeur, un texte coup de poing et d'une terrible humanité.

S'ensuit, Notre mère qui dansez, une nouvelle obscure autour du paradoxe de Fermi, puis Trinité un long texte qui raconte la recherche scientifique de Dieu où l'autrice reprend ses thèmes de prédilection : clonage, biotechnologie, éthique, auxquels elle ajoute une dose de spiritualité. L'avant-dernière nouvelle, Des ombres sur les murs de la caverne, parle du processus artistique qui serait de plus en plus calibré, plus commercial donc rentable et du coup beaucoup moins imprévisible. Et la dernière, Brise d'été est une réécriture de la belle au bois dormant. Quatre textes sans grand intérêts.

Au final, ce mix de nouvelles très disparates aussi bien sur les thématiques que sur la forme laisse perplexe. L'humanisme de Nancy Kress est à son comble mais un ton un peu trop clinique et des personnages peu étoffés donnent une certaine froideur à l'ensemble. On ne pourra contester le côté visionnaire de l'autrice sur les questions éthiques, sur le développement des biotechnologies ou sur les dérives des systèmes de santé tout en étant daté voire un peu vieillot.




Commentaires

  1. C'est une autrice que je vois souvent passer mais au vue de ton retour je ne suis pas sûre que ce soit pour moi.

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    1. Il faut lire L'une rêve, l'autre pas.... après tu te laisseras tenter par d'autres textes. ;-)

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  2. Moi j'aime bien ce côté vieillot et très actuel en même temps, ça m'avait beaucoup marqué sur un de ses romans (Les hommes dénaturés) qui tapait juste sur plein de sujets et en même temps on utilisait des équivalents de cabines téléphoniques pour aller sur Internet 😂. C'est le genre de paradoxe que j'adore (ce qui explique sans doute que j'ai mieux aimé ces nouvelles que toi).

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    1. Moi c'est l'inverse, ca me sort totalement de l'histoire... :-p

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