Bifrost 109 - Valerio Evangelisti


Le premier Bifrost de cette année est consacré à l'écrivain italien Valerio Evangelisti, l'auteur entre autres de la célèbre saga Nicolas Eymerich, Inquisiteur dont je n'ai lu que le premier opus sans avoir vraiment accroché. Après la lecture du dossier et de la nouvelle présentes dans cette revue, je confirme que je ne suis pas un inconditionnel du personnage.

Mais heureusement ce cent-neuvième numéro ne se limite pas à la vie et à la prose de Valerio Evangelisti. Au sommaire le traditionnel édito d'Olivier Girard qui à lui seul vaut le détour. Le cahier des critiques est comme à son habitude plus ou moins tendre, on notera la recension de Thomas Day "méchante" et hilarante à la fois. Les quelques pages consacrées aux anthologies et revues ne sont guère enthousiasmantes sur la production fournie.

L'interview de David Meulemans, le fondateur des éditions Aux Forges de Vulcain, permet de découvrir les coulisses de cette maison atypique ainsi qu'un éditeur passionné. J'ai surtout noté la parution en mars prochain du premier tome de la Trilogie Baryonique de Pierre Raufast, de la Hard SF, humaniste et scientifique. Tout pour me plaire ! 

Roland Lehoucq revient sur les astres creux, les différentes théories conspirationnistes face à la réalité scientifique. Comme à l'habitude l'article est didactique et plein d'humour.

Mais évidemment, Bifrost c'est avant tout la découverte d'auteurs et d'autrices à travers des textes courts. Et pour ce numéro nous sommes servis avec cinq nouvelles. Outre celle de Valerio Evangelisti, deux auteurs habitués Christian Léourier et Ray Nayler et deux autrices à qui la revue ouvre ses portes pour la première fois Elly Bangs et Emilie Querbalec.


  • Pissenlit - Elly Bangs
A travers la lettre d'une petite fille à sa grand-mère décédée, un siècle de vie sur trois générations autour de la découverte en Antarctique d'un objet radioactif de plusieurs tonnes. Considéré en 1961, l'année de sa découverte, comme une arme russe, la grand-mère lui confère une origine beaucoup plus lointaine dans l'espace et dans le temps. Cette découverte va bouleverser la vie de la famille.

Elly Bangs, l'autrice de Unity paru chez Albin Michel Imaginaire, fait une entrée fracassante dans la revue. Pissenlit est un texte de haute volée, de la Hard Science accessible qui laisse pantois. A contre courant des théories habituelles, elle rebat les cartes de la Panspermie et du Paradoxe de Fermi. Une claque monumentale à la hauteur de cette fin magistrale.

  • L'Homme gris - Christian Léourier
Certains boulots plus difficiles que d'autres, l'Homme gris, lui, donne la mort ou plutôt met en œuvre le protocole permettant à ceux et celles qui ont décidé d'en finir avec la vie de le faire dans de bonnes conditions. Il faut à la fois un réel détachement et une franche empathie pour exercer ce métier. On se fait à la mort mais parfois c'est plus difficile. Sans effet de manche, sans grandiloquence, l'auteur nous propose un texte de toute beauté, tout en délicatesse.

Christian Léourier est un habitué des colonnes de Bifrost, L'Homme gris est son sixième texte à y être publié. A noter qu'il a obtenu par trois fois le Prix des Lecteurs de la revue, ce récit pourrait bien être le quatrième !

  • L'Hiver en partage - Ray Nayler
Deux femmes se retrouvent tous les hivers à Istanbul le temps de quelques semaines avant de repartir chacune dans leur bloc respectif en se donnant rendez-vous l'année suivante. Cette nouvelle fait partie d'un immense cycle nommé Le Protectorat d'Istanbul (source : L'Epaule d'Orion un fervent admirateur de l'auteur) où certaines personnalités se projettent dans des "vacants" pour vivre, travailler. Ce texte reste un peu flou, probablement parce nous n'avons pas toutes les clefs en main pour comprendre l'univers auquel il appartient. Reste une très belle ambiance, une histoire intrigante et l'envie d'en apprendre plus. A noter que la nouvelle Sarcophage publiée dans le Bifrost 107 fait partie du même ensemble.

Ray Nayler, lui aussi, devient un habitué de la revue, c'est sa troisième apparition en moins d'un an. Les éditions du Bélial misent beaucoup sur cette nouvelle plume. En effet Protectorat, un recueil de nouvelles, verra le jour fin 2023 dans la collection Quarante-Deux. A l'instar de Rich Larson, Ray Nayler fait partie de ces auteurs post-eganiens.

  • Skin - Emilie Querbalec
La Maison aux Acacias est une maison de repos spécialisée dans le traitement des peaux défectueuses où les meilleures thérapies sont délivrées. On suit Alma l'une des patientes, qui s'intéresse à l'une des dernières arrivées, et ses échanges avec sa médecin. La plume d'Emilie Querbalec est toujours aussi belle, fluide et grisante. On se plonge corps et âme dans son histoire mais malheureusement pour moi, je suis complètement passé à côté, je n'ai jamais compris où l'autrice voulait nous emmener.

Après avoir connu un succès mérité chez Albin Michel Imaginaire avec Quitter les monts d'automne et Les Chants de Nüying, Emilie Querbalec fait une entrée surprenante chez Bifrost

  • Cicci di Scandicci - Valerio Evangelisti
Dans la tête d'un tueur en série. Valerio Evangelisti, à partir d'une histoire vraie, celle du "monstre de Florence" qui a assassiné une dizaine de personnes dans les années 70, nous plonge dans les pensées intimes de ce psychopathe. Je reste perplexe devant ce genre de texte, je n'en vois personnellement pas l'intérêt.


Commentaires

  1. Mes Stabilos sont prêts... Je pense l'acquérir dans quelques semaines, quand j'aurais fait la fête aux 2 numéros que j'ai reçu.

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    1. Ca fait longtemps que nous n'avons pas vu la reine du stabilo à l'oeuvre, cela nous manque !

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