Une fois n'est pas coutume le dernier numéro de Bifrost est consacré non pas à un auteur ou une autrice phare de l'Imaginaire mais à un de ses concepts : Le Multiversalisme qui, par définition, entend qu'il faut penser d'autres mondes pour penser notre monde autrement, le tout en mêlant science et fiction. Ce qui comme le dit Lisbhei peut aussi bien être la définition de la SF et j'ajouterai qu'au moins la SF est compréhensible contrairement au Multiversalisme. Et ce n'est pas le dossier qui, bien que complet aura permis de m'éclairer.
Au sommaire de ce numéro, trois longues nouvelles signées : Mina Jacobson, Tade Thompson et Claude Ecken.
- Résonnances - Mina Jacobson
Mina Jacobson exerce aujourd'hui comme psychologue-psychothérapeute a, à son actif, quelques nouvelles que l'on peut retrouver dans des anthologies ou recueils, dont Eparpillés par la mer, rééditée chez 1115 Editions. Résonnances est sa première nouvelle à être publiée aux éditions du Bélial.
Sur une Terre post-apocalyptique où ne résident plus que les laissés-pour-compte, les autres s'étant envolés depuis longtemps vers les étoiles, Calliopée rêve de voler comme son grand frère. Un jour, elle décide de lui emprunter son aile pour se libérer de la pesanteur. Malheureusement, le sort en a décidé autrement et l'accident survient. Elle sort d'un long coma grâce à un implant, relique des temps anciens. Celui-ci lui permet de survivre, mais aussi d'entendre les bribes d'un passé qu'elle n'a pas connu.
Un texte poétique, tragique et fascinant, qui explore le temps qui passe, les affres de la perte des êtres chers et la déchéance d'un monde abandonné par les siens. A la fois touchant et intelligent, ce récit oscille entre rêve et (dés)espoir, et nous permet de découvrir une autrice prometteuse.
- Libération - Tade Thompson
Tade Thompson est un psychologue britannique d'origine nigérienne, connu pour sa trilogie Rosewater publiée chez J'ai Lu Imaginaire ainsi que pour celle de Molly Southbourne dans la collection Une-Heure-Lumière du Bélial. Il a également écrit un huis clos spatial de bonne facture : Loin de la lumière des cieux. Libération est sa deuxième nouvelle à paraître dans la revue Bifrost.
Dans un Nigéria uchronique, le gouvernement rêve d'envoyer les premiers astronautes africains dans l'espace grâce à une fusée d'origine étrangère destinée à s'arrimer à une station spatiale montée de bric et de broc, le tout dans le plus grand secret... Un secret qui ne sera dévoilé qu'en cas de réussite. Et dès le début, on pressent que ce ne sera pas le cas.
En quelques pages, Tade Thompson nous entraîne dans un suspense insoutenable, soufflant le chaud et le froid sur le programme technico-scientifique, sur les tensions politiques et sur les relations humaines déplorables. Grâce à sa narration déstructurée, il nous présente l'histoire selon différents points de vue, à des moments différents et de façon non linéaire. Un immense puzzle addictif qui confirme, s'il en était encore besoin, l'immense talent de l'auteur.
- La Femme inachevée - Claude Ecken
Claude Ecken est un écrivain français de science-fiction et de romans policiers depuis près d'un demi-siècle, et accessoirement critique littéraire. Auteur d'une vingtaine de romans et recueils et de plus de cinquante nouvelles, il compte parmi les auteurs français les plus prolifiques.
Dans cette nouvelle, Rokiyatou reste au pays pour restaurer des masques et autres objets d'origine africaine, tandis que son mari part tenter sa chance en Europe. Son activité périclitant, elle devient "modèle" pour un avatar virtuel.
Une (trop) longue nouvelle que j'ai abandonnée en cours de route. Claude Ecken explore la perte d'identité face à l'IA et à la numérisation des personnalités. Le récit, bien que dense, manque de clarté et s'avère confus.
Je ne reviendrai pas sur le dossier qui compile une dizaine d'articles, mêlant de la SF japonaise, une analyse de la fiction d'Ursula K Le Guin, des articles philosophiques, un entretien avec Hirotaka Osawa, et des réflexions sur l'IA et le Multivers. Le tout restant très souvent obscur à mes yeux ! Seul le Scientifiction du Professeur Lehoucq consacré aux univers multiples m'a rendu le sourire.
Pour conclure ce numéro de Bifrost est très exigeant (trop pour moi !) dans son dossier mais nous offre deux des meilleures nouvelles publiées cette année.

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