Vent Rouge - Emmanuel Quentin

 
De la SF mais aussi de la Fantasy !

Après avoir officié chez Mü Edition pour ses romans Où s'imposent les silences et Replis, chez Les Editions Mille Cent Quinze pour sa novella Au Royaume des Vivants et ses nouvelles Qisiose et Céder la place, Emmanuel Quentin intègre le catalogue des Editions Critic avec Vent Rouge, un Planet Opera aux nombreuses ramifications. C'est un auteur protéiforme qui ne se borne pas à écrire et récrire le même genre de texte, bien au contraire, Emmanuel Quentin n'a de cesse de se renouveler que ce soit sur la forme ou sur le fond mais la seule chose immuable est sa capacité à nous surprendre.

Vent Rouge c'est l'affrontement de deux mondes que tout oppose ou plus exactement la rencontre de deux univers culturels et technologiques antagoniques, presqu'une confrontation entre Fantasy et SF. D'un côté la planète Sophis, arc-boutée sur des préceptes nébuleux où le Vent Rouge rythme la vie des habitants. Aussi attendu que craint ce souffle parcourt la planète et échange aléatoirement les souvenirs de personnes proches. De l'autre l'Ordocratie, société technophile, organisation interstellaire qui règne sans partage et avec force sur les mondes qu'elle contrôle, représentée par son Investigatrice Satia Layre. Cette dernière est envoyée en mission sur Sophis pour régler un problème dont elle ignore les tenants et les aboutissants.

Vent Rouge est avant tout un Planet Opera constitué d'un worldbuilding exceptionnel. Par la force des mots et avec tout un travail lexical autour du vent, Emmanuel Quentin construit paisiblement son univers, et à travers un récit choral multiplie les points de vue, chacun correspondant à une strate différente de la société. La patience est donc de mise pour appréhender l'ensemble des us et coutumes de Sophis mais celle-ci sera récompensée. En parallèle, à travers Satia, l'auteur explore le versant technophile de l'Ordocratie, ses avancées et ses limites. Pour enrichir son univers, Emmanuel Quentin fait également intervenir deux autres personnages bien mystérieux : Le Solitaire et La Sentinelle. Au gré du vent et des rencontres tout ce petit monde finira par confluer vers la scène finale...

L'intrigue autour de la mémoire et de son partage accidentel et non désiré est des plus originales. Emmanuel Quentin la mène de main de maitre avec poésie et délicatesse. Le seul bémol serait sa trop grande linéarité où quelques soubresauts supplémentaires auraient apporté une petite touche de folie. Après une première moitié tonitruante où l'on découvre petit à petit l'univers de Sophis et les particularités du Vent Rouge, le rythme baisse drastiquement dans la troisième partie avant de repartir pour un sprint final sur une conclusion un peu trop vite expédiée.

Au final, malgré quelques réserves, Vent Rouge est un très bon cru d'Emmanuel Quentin, un Planet Opera qui vaut surtout pour son worldbulding aussi impressionnant que détaillé, renforcé par ce magnifique travail sur la langue.




Commentaires

  1. Le Nocher des livres5 avril 2025 à 17:57

    Tout à fait d'accord avec toi : une bien belle lecture, surprenante et, si elle n'est pas parfaite, très agréable.

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