Sur quelques notes de Jazz
Je continue d'explorer l'œuvre de l'autrice canadienne Emily St. John Mandel à travers son troisième roman Les Variations Sebastian dont le titre original The Lola Quartet était beaucoup plus équivoque.
Fin de l'année scolaire à Sebastian en Floride, le Lola Quartet se réunit pour la dernière fois. Gavin, le trompettiste du groupe vient d'être accepté à l'université de Columbia pour entamer ses études de journalisme et, c'est juchés sur la plateforme d'un pickup qu'ils jouent leurs derniers morceaux avec Daniel à la basse, Jack au saxo et Sasha à la batterie - la sœur d'Anna avec laquelle il sort. Cette dernière, présente pour cette ultime représentation s'évapore avant la fin du show. Dix ans plus tard, de retour sur ses terres natales, Gavin rend visite à sa sœur qui lui parle d'une petite Chloé lui ressemblant comme deux gouttes d'eau et dont la mère se prénomme Anna. Cette étrange coïncidence va bouleverser la vie de Gavin, le replonger dix ans en arrière et le lancer à la recherche de son amour de jeunesse.
La marque de fabrique d'Emily St John Mandel est sans conteste la narration déstructurée de ses récits. Celui-ci ne déroge pas à la règle. Passant du présent au passé, d'un personnage à l'autre, l'autrice nous fait vivre et revivre les évènements sous différents angles, apportant chaque fois une contradiction ou un nouveau regard sur l'histoire. Un immense labyrinthe émotionnel attend le lecteur, le retour aux sources ne se faisant pas sans anicroches. En effet, en retrouvant ses anciens amis, Gavin va découvrir à ses dépens que certains silences d'hier étaient préférables aux vérités d'aujourd'hui l'entrainant dans une chute abyssale à chaque nouvelle découverte.
L'autre point fort du roman est la galerie de personnages, tous plus vrais les uns que les autres. Emily St John Mandel les croque avec un certain cynisme enrobé d'une forte empathie. L'émotion règne en maitre dans ce roman où l'amour, l'amitié et la passion sont les locomotives de ces vies cassées par les choix, brisées par les hasards.
Derrière une intrigue légère, Emily St John Mandel nous propose un thriller captivant, au tempo énergique et aux personnages complexes. Elle profite de son récit pour déclarer sa flamme à la musique en général et au jazz en particulier. Les Variations Sebastian est au final juste beau et harmonieux.
Après L'Hôtel de Verre, Station Eleven, Dernière nuit à Montréal, Les Variations Sebastian est un nouveau coup de coeur. En attendant la traduction prochaine de Sea of Tranquility, il ne me reste plus qu'à lire son deuxième roman : On ne joue pas avec la mort.
Voilà qui donne envie de continuer à lire cette autrice.Merci pour ce rappel.
RépondreSupprimerArnaud
De rien, il faut lire Emily St John Mandel
SupprimerÇa donne grandement envie, tu donnes grandement envie. Il faudrait vraiment que je redonne une chance à l'autrice.
RépondreSupprimerTu as lu quoi qui ne t'a pas plu ?
Supprimer"Station Eleven". Ce n'était pas mauvais mais je n'avais pas trouvé ça très marquant, ça ne m'avait pas enthousiasmé. Ce n'était peut-être juste pas la bonne période, je lisais pas mal de David Mitchell à ce moment-là et je crois que ça a souffert de la comparaison.
SupprimerExcepté la choralité des récits, il n'y a pas beaucoup de ressemblance entre les deux imaginaires.
SupprimerVoilà qui me rappelle que je n'ai toujours pas lu un seul livre d'elle, il faut que je corrige ça !
RépondreSupprimerC'est un manque à combler en effet ! ;-)
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