Conceptuel
En début d’année, les éditions du Seuil ont proposé aux lecteurs de découvrir Strange Pictures, un roman japonais signé Uketsu, auteur mystérieux dont l’identité reste inconnue et qui n’apparaît jamais sans son énigmatique masque blanc. Pour cette rentrée littéraire automnale, elles publient son premier roman Strange Houses.
Ce premier roman s’ouvre sur un mystère architectural : le plan d’une maison, dont l’agencement des pièces intrigue dès le premier regard. Un spécialiste des sciences occultes sollicite l’avis de Kurihara, un architecte, au sujet d’une demeure qu’un de ses amis envisage d’acquérir. Rapidement, ce dernier relève des anomalies troublantes, suggérant l’existence de passages secrets entre les pièces. Commence alors une enquête afin de percer les secrets de cette maison : à qui appartenait-elle avant sa mise en vente ? Pourquoi sa pièce centrale, dépourvue de toute ouverture vers l’extérieur, semble-t-elle défier toute logique ? Une plongée dans l’étrange, où chaque détail architectural devient une énigme à résoudre...
Strange Houses n’est pas un roman comme les autres : c’est un objet littéraire à part, aussi intrigant par sa forme que par son fond. D’un côté, les plans de maison s’enchaînent et se multiplient au fil des pages, comme des indices visuels semés pour le lecteur. De l’autre, le récit se déploie presque entièrement à travers des dialogues théâtralisés, où chaque échange creuse un peu plus le mystère. Cette mise en page, résolument conceptuelle, peut dérouter au premier abord, mais elle devient vite addictive. Le lecteur s’arrête sur chaque plan, scrutant les détails, cherchant la faille ou la subtilité qui éclairera le raisonnement des protagonistes. Une aura de mystère enveloppe l'essentiel du livre jusqu'à ce que vienne l'heure des révélations.
Et c'est précisément dans cette dernière partie que l'intérêt se délite. Uketsu introduit une multitude de personnages aux liens familiaux aussi embrouillés qu'invraisemblables, et multiplie les situations rocambolesques pour nous livrer des explications qui laissent sceptique. L'intrigue si finement dressée se dissout dans un dénouement qui peine à convaincre.
Avec Strange Houses, Uketsu pose les bases d’une écriture résolument originale, intelligente et inventive. Ce roman se distingue radicalement des thrillers conventionnels, et c’est justement là que réside sa force. Si son dénouement ne convainc pas pleinement, l'œuvre reste une plongée captivante dans une atmosphère mystérieuse, déployée avec un brio indéniable. Cela annonce de futurs écrits prometteurs...
Le principe donne forcément envie mais c'est quand même embêtant que le dénouement ne soit pas satisfaisant dans ce genre de livre qu'on lit principalement pour être épaté par la conclusion. =/
RépondreSupprimerL'important est le chemin pas le point final du voyage.
SupprimerJ'aurais du ajouter que cela est peut-être du à une différence culturelle entre les pays occidentaux et la société japonaise. Je ne connais que très peu ce pays, ses traditions... et il manque peut-être quelques références.
Enfin bref, le chemin est beau...