Les mensonges de la vie
l revient avec On ne sait rien de toi, un deuxième roman mettant en scène la juge d’instruction Dominique Bontet. A l'aube de sa retraite, celle-ci se voit confier une affaire aussi troublante qu’énigmatique : Je ne sais pas si c’est un délit, un crime ou rien du tout, mais cette histoire, depuis trente ans, me rend folle. Dès les premiers mots le lecteur est projeté dans l’intimité explosive de la famille Perrière – Charles, directeur de l’IGPN, sa femme Aline, professeur d’histoire-géo, et leurs trois enfants. L’image est idyllique : un flic intègre, un mari aimant, une famille unie. Un peu trop parfaite...
L'auteur construit son roman comme un puzzle narratif, où chaque chapitre change de temporalité et de point de vue, sans transition ni indication. Pas de repères, pas de filet : c’est au lecteur de reconstituer l’histoire à partir des premiers mots, des premières phrases. Il faut parfois lâcher prise, accepter de se perdre pour mieux se laisser emporter. Une construction qui peut dérouter mais qui sert à merveille le suspense et la complexité des personnages.
Charles Perrière incarne le flic modèle, celui qui a passé sa vie à traquer les mensonges et la corruption au sein de la police. Pourtant, c’est dans sa propre famille que les non-dits et les demi-vérités prolifèrent. Le roman explore avec une précision chirurgicale les mécanismes du mensonge, ces histoires que l’on se raconte à soi-même et aux autres pour survivre. Sans jamais tomber dans l'excès, Fabrice Tassel dissèque les relations de couple, les dynamiques familiales, et cette question obsédante : connaissons-nous vraiment ceux et celles que nous aimons ?
On ne sait rien de toi est surtout un roman sur les violences invisibles – physiques et morales, notamment celles faites aux femmes. L’auteur y dépeint des personnages profondément humains, avec leurs failles, leurs contradictions et leurs silences. Le résultat est une réflexion poignante sur l’identité, la confiance et les illusions que nous entretenons sur nos proches.
En conclusion, Fabrice Tassel signe ici un polar psychologique aussi intelligent que bouleversant. Une lecture qui bouscule, interroge et hante longtemps après la dernière page.

Commentaires
Enregistrer un commentaire