Un cas de conscience
Après une trilogie policière au sein de Santiago du Chili, Boris Quercia nous a gratifiés dernièrement d'un polar dystopique de haute tenue : les rêves qui nous restent qui mettait en scène un androïde. Surfant ainsi sur le thème de l'intelligence artificielle, nous interrogeant sur ses possibles évolutions et sa place dans la société, l'auteur chilien amenait le lecteur à réfléchir sur la notion de conscience. Avec son dernier livre en date, Les derniers maillons, il continue l'exploration du sujet en poussant un peu plus loin la réflexion et en allant dans une direction légèrement différente mais pour un résultat similaire : un plaisir de lecture doublé d'un questionnement sur notre humanité.
Difficile de parler de ce court roman sans trop déflorer l'essence du propos. Dans un futur indéterminé, la société totalitaire mène la danse, les espaces de liberté sont réduits à peau de chagrin, quelques espaces de résistance survivent ici ou là comme ceux qui se font appeler la Société du peuple libre dont Victor est l'un des maillons. Son objectif du jour, transmettre la dernière copie du NEURON - réseau alternatif qui représente le dernier espoir de liberté - à un autre maillon de la chaine. Malheureusement, le rendez-vous est compromis et Victor doit fuir. Le roman débute par une immense course poursuite, où l'on prend fait et cause pour ce gamin sans vraiment savoir pourquoi, la soif de liberté probablement ! Lorsque celui-ci est arrêté, les espoirs semblent s'envoler...
Les derniers maillons est un roman haletant qui débute sur les chapeaux de roues et qui ne baisse que rarement de régime. Après des premières pages dignes d'un bon thriller survitaminé, Boris Quercia nous entraine dans un univers science-fictif surprenant autour du posthumanisme et de la numérisation des consciences. Les chapitres courts alternant les points de vue, passant d'un personnage à l'autre, permettent de construire un background solide (même si celui-ci aurait pu être un peu plus développé par moments !) et de nous interroger sur la relation entre le corps et l'esprit, sur le rapport entre la vie et la conscience. A la fois immense questionnement métaphysique et philosophique autour de la liberté, ce roman n'en est pas moins divertissant et très plaisant.
Et on ne pourra pas s'empêcher de faire un rapprochement entre les deux derniers livres de l'auteur. Les rêves qui nous restent et Les derniers maillons sont les deux faces d'une même médaille qui se complètent et se reflètent. Quand l'une s'interroge sur le moment à partir duquel l'Intelligence Artificielle peut devenir consciente donc humaine, l'autre se demande si l'Homme perd son humanité quand sa conscience est numérisée. En un mot passionnant !
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