Un peu de nous
Jérôme Leroy est l'auteur entre autres d'une vingtaine de romans naviguant entre polar, thriller et imaginaire. Il est l'un des maitres de l'uchronie politique, dessinant à travers ses récits une France dirigée par un bloc d'Extrême Droite, et où les libertés individuelles sont de plus en plus menacées. La réalité rattrapant rapidement nombre de ses écrits, on pourra considérer Jérôme Leroy, si ce n'est comme un visionnaire, au moins comme un connaisseur de la sociologie française. La petite gauloise en est un parfait exemple.
Dans ce court roman d'une centaine de pages, l'auteur nous plonge dans cette France légèrement dystopique où le Bloc Patriotique dirige le pays et où ses idées se diffusent largement dans la société. C'est dans la rue, nouvellement renommée Jean-Pierre Stirbois, d'une grande ville portuaire de l'Ouest français que débute notre histoire. Mokrane Méguelati capitaine à la Direction Générale de la Sécurité Intérieure se voit abattu par un policier municipal de la commune tombée récemment aux mains du Bloc Patriotique. La mort de l'agent de la DGSI est le point de bascule de l'histoire, un fait divers quasi anecdotique qui permet à l'auteur de dresser le portrait d'une France qui se perd, d'une société en déliquescence, d'une humanité triste dont des adolescents paumés, un professeur de français frustré, une autrice désenchantée sont les acteurs ou plutôt les spectateurs, le tout sur fond de terrorisme, de peur et de colère.
Le propos est grave, sombre et sans véritable espoir. Contrebalancé par une plume acérée, cynique et distanciée les personnages sont dépeints avec une certaine tendresse. Ces "Monsieur et Madame tout-le-monde", que l'on connait, qui sont beaucoup des autres et un peu de nous. Ces gens ordinaires perclus de frustrations et de peurs qui se cherchent dans une société qui ne les reconnait plus.
La petite gauloise est une novella percutante tant sur le fond que sur la forme, qui nous narre une histoire à la fois tragique et banale. Ce récit nous amène parfois à sourire mais il nous interpelle avant tout sur la société dans la quelle on vit.
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