Bifrost 114 : Iain M. Banks

 

Pour son cent-quatorzième numéro, Bifrost met (enfin) à l'honneur Iain M. Banks, l'écrivain écossais le plus emblématique, prématurément décédé en 2013 à l'âge de 59 ans. Auteur d'une petite trentaine de romans et de quelques nouvelles, il est surtout connu en France pour ses œuvres de Science-Fiction (dont seul L'Homme des Jeux a eu l'honneur d'une recension sur ce blog... pour le moment !).  Il a aussi écrit de nombreux ouvrages grand public dont certains flirtent allègrement avec les mauvais genres. Ce numéro de Bifrost permet de faire connaissance avec l'auteur britannique et de dresser un panorama complet de ses écrits.

Au sommaire de la revue, les rubriques habituelles : l'édito d'Olivier Girard, un cahier de critique complet, Scientifiction..., accompagnent quatre nouvelles signées : Alastair Reynolds, Carolyn Ives Gilman, Jean Baret et Iain M. Banks.

Mais commençons par le dossier consacré à Iain M. Banks. Complet et passionnant, il comporte une biographie précise concoctée par Pascal Thomas, une retranscription d'une interview que l'auteur avait donnée dans les années 2010, un remarquable papier d'Alice Carabédian sur le Cycle de la Culture, pour finir sur un guide de lecture des œuvres de Iain M. Banks hors Culture, et une bibliographie exhaustive. Celui-ci se poursuit d'ailleurs avec la rubrique Scientifiction dans laquelle Alice Carabédian qui remplace pour l'occasion Roland Lehoucq, nous parle de l'utopie de La Culture.


Quelques mots sur les quatre nouvelles de ce numéro:

  •  Les Nuits de Belladone - Alastair Reynolds
Avec Les Nuits de Belladone Alastair Reynolds complète son univers de La Maison des Soleils composé de l'excellente novella La Millième Nuit et du non moins passionnant roman La Maison des Soleils. A noter qu'il est préférable de lire cette nouvelle en dernier afin de profiter pleinement des enjeux.

Cette nouvelle met en scène Campion, que l'on a déjà croisé dans les précédents textes, au moment où il assiste à La Millième Nuit de la Lignée Mimosa. Shaula, membre de cette lignée, trouve le comportement de Campion étrange, il la surveille tout en l'évitant voire en la snobant. Celle-ci se met donc à le surveiller...

A l'image des autres récits de l'univers, Alastair Reynolds navigue entre poésie, tristesse et espoir. Toujours aussi merveilleux et grandiose ce court texte est la cerise sur le gâteau qui permet de prolonger le plaisir de parcourir l'immensité du cosmos en compagnie de la Lignée Gentiane.

  • Quelque chose dans l'air - Carolyn Ives Gilman
Carolyn Ives Gilman n'a été que peu éditée en France, Quelque chose dans l'air n'est que la quatrième nouvelle à avoir été traduite et la deuxième pour Bifrost après Voyage avec l'extraterrestre.

Un vaisseau d'exploration scientifique a longuement voyagé pour aller étudier une jeune étoile et sa cohorte de planètes. A son bord trois scientifiques de trois domaines d'expertises différents : astrophysique, astrobiologie, géologie. A leur arrivée, ils se rendent sur l'une des planète qui semble s'adapter aux souhaits de chacun.

Quelque chose dans l'air est une nouvelle de Hard-SF aussi accessible qu'enthousiasmante, qui mixe culture scientifique et réflexion sur l'altérité. Un texte qui donne envie de découvrir d'autres histoires de l'autrice.

  • Roger Will Comply - Jean Baret
Jean Baret, l'auteur de la trilogie Trademark, nous plonge au fin fond de l'espace en compagnie de Roger laveur de carreaux de vaisseaux spatiaux et de son fidèle compagnon Lycos, un chien augmenté et sensient tout droit sorti des laboratoires. Ce duo improbable rêve d'une vie meilleure et surtout d'une vie ailleurs.

Derrière un humour noir, un cynisme sans nom et une folie comme seul Jean Baret sait le faire, Roger Will Comply parle de nos modes de vie et critique nos sociétés de consommation. Drôle, parfois méchant, ce court texte est percutant.

  • Descente - Iain M.Banks
Iain M. Banks n'a écrit que peu de nouvelles, Descente, qui a précédemment été publiée dans le recueil L'essence de l'Art, nous narre l'histoire d'un homme et de son scaphandre autonome, isolés sur une planète inhospitalière, dont le seul espoir est de rejoindre à pied une base très éloignée sans savoir si elle est toujours opérationnelle.

Même si l'Homme et son Scaphandre ne font qu'un, les deux entités sont indépendantes et sont deux êtres vivants. D'un côté l'humain blessé et de l'autre le scaphandre lui aussi en mauvais état géré par une IA qui n'est pas à cent pour cent de ses capacités. Un duo improbable pour un road movie incroyable.


Pour conclure, ce numéro 114 de Bifrost est exceptionnel. Le dossier donne envie de se (re)plonger dans l'œuvre de Iain M. Banks qui, à l'instar de celui consacré à Alastair Reynolds, montre que la SF britannique a quelques coups d'avance sur le reste de la production internationale : ambitieuse, novatrice et merveilleuse.


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