Somnambule - Dan Chaon

Road trip postapocalyptique

Six ans après Une douce lueur de malveillance, Dan Chaon revient avec Somnambule un nouveau roman noir grandement teinté de science-fiction. En effet le background est purement science-fictif entre dystopie et postapocalyptique, et l'auteur nous immerge dans ce futur "proche" par petites touches insidieuses en nous amenant à penser que nous sommes dans un présent bien réel.

Mais Somnambule est avant tout un immense road-trip à travers les Etats-Unis, où l'on suit Will Bear ou William Baird ou Bill Berh... différents pseudonymes que notre héros se donne et qu'il regroupe sous le doux et parlant sobriquet de "nébuleuse brumeuse". Ce mercenaire de cinquante ans sillonne les routes des Etats-Unis à bord de son camping car en compagnie de son pitbull, alternant les missions allant du vol au meurtre pour survivre. Hors du système, d'ailleurs il n'a pas de papiers, il essaye de passer incognito en se jouant de la télésurveillance, utilisant des téléphones portables jetables. Son quotidien est mis à mal quand une jeune fille se disant sa fille biologique le contacte sur ses téléphones anonymisés. Sa paranoïa d'un niveau déjà très élevé atteint l'acmé mais le désir de rencontrer une possible progéniture est trop fort et l'amènera à se dévoiler.

Dan Chaon fait de son personnage antipathique, alcoolique, violent, drogué et meurtrier... un être auquel on s'attache et qui nous devient sympathique. On se prend d'amitié et d'empathie pour cet homme peut-être père, qui est dépassé par les événements qu'il pensait contrôler. On le suit dans ses déambulations d'Etat en Etat à la recherche de son passé (et de son futur). Comme dans son précédent roman, Dan Chaon plonge le lecteur dans la folie humaine quand l'obsession défie l'entendement.

Prenant tout son temps dans l'immense majorité du récit, il jette en pâture de nombreuses idées (probablement trop) dont certaines demandent une suspension d'incrédulité assez élevée, avant de clore son histoire un peu trop rapidement mais qu'importe la destination, c'est le voyage qui vaut le déplacement et celui-ci mérite amplement que l'on s'y attarde.

Pour conclure, Somnambule est un roman coup de poing, violent et tendre à la fois, non dénué d'humour tout en étant très noir, qui restera longtemps dans les esprits.




Commentaires

  1. Je suis sur la même longueur d'ondes que toi : un roman qui reste longtemps dans les mémoires. Malgré son rythme lent, aucun ennui à sa lecture. Et quelques scènes mémorables.

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    1. Avec cette collection, on est rarement déçu que ce soit en littérature blanche ou celle qui flirte plus ou moins avec les mauvais genres.

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