La Maison Haute - Jessie Greengrass

 
Amour, adaptation et résilience

On ne compte plus le nombre de romans relevant de l'imaginaire publiés chez les grands éditeurs généralistes qui n'osent mettre le terme d'anticipation (je ne parle même pas de science-fiction !) dans la présentation de leurs livres. La Maison Haute de Jessie Greengrass en est un exemple frappant.

Dans un futur proche, le dérèglement climatique n'est hélas plus à prouver. Entre les incendies en Australie, les inondations au Japon, les îles submergées et les villes englouties, la planète se meurt. Francesca, une activiste britannique, parcourt le monde pour alerter l'opinion. De ce fait elle délaisse son jeune fils Pauly au profit de son activité professionnelle, le laissant de plus en plus dans les mains de sa belle-fille Caro, jusqu'à ce jour où elle leur ordonne de rejoindre la maison haute, leur vieille bicoque de campagne isolée au fin fond de l'Angleterre. Une nouvelle vie s'offre alors à eux...

La Maison Haute nous narre un drame familial sur fond d'urgence climatique. Sans être révolutionnaire, cette anticipation (n'ayons pas peur des mots) menée de main de maitre, est de toute beauté (pardon de toute cruauté !). Ce roman choral est basé autour de trois personnages ayant chacun une perception différente de leur histoire commune. Le passage d'une vision à l'autre donne du rythme et du corps au récit, l'ensemble se faisant avec fluidité et une certaine légèreté.

Jessie Greengrass évite l'écueil de la surenchère ou de l'extrémisme. Elle se contente d'être factuelle ne tombant jamais dans le militantisme outrancier. En toile de fond le changement climatique est à l'échelle de la planète mais son histoire est locale, celle d'une famille qui pourrait être n'importe laquelle d'entre nous. Sur un temps d'une génération, elle imagine les changements possibles, des petits désagréments aux immenses bouleversements, de ceux insidieux que l'on ne découvre que trop tard à ceux qui font tomber des pans entiers de notre monde.

Derrière les dévastations, des hommes et des femmes se battent pour vivre, survivre dans des conditions de plus en plus difficiles. L'amour, le partage et la capacité d'adaptation sont les moteurs de ces êtres meurtris, un peu perdus face à leur sombre destin.

La Maison Haute est un grand cri d'alarme écologique. Il est déjà trop tard pour éviter le désastre mais il faut s'y préparer et tout faire pour retarder son arrivée et atténuer ses conséquences. Touchant, déprimant et pessimiste, ce roman est une grande claque dans lequel la résilience et la résignation s'apparentent à une forme d'espoir (probablement vain). Reste que Jessie Greengrass a réussi son pari en apportant sa modeste contribution à l'éveil des consciences.


Commentaires

  1. Je l'ai mis dans ma liseuse hier...
    Le seul truc qui me fait peur et le terme Amour

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    1. Ce n'est pas une histoire d'amour mais juste l'amour de son prochain, de l'altruisme.

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  2. "Il est déjà trop tard pour éviter le désastre" : en un sens ça me semble une raison tout à fait justifiée de ne pas parler d'anticipation. ^^

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    1. Cela reste une fiction climatique, l'avenir est en perpétuel changement même si l'on connait les grandes lignes. :p

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  3. Commandé. Merci pour cette chronique.

    Arnaud

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