Les Somnambules - Chuck Wendig

Une histoire à dormir debout ?

La première chose qui frappe quand on a entre les mains Les Somnambules, le roman de Chuck Wendig, c'est sa grosseur ou plutôt son épaisseur. Il faut dire qu'avec ses mille deux cents pages, il détonne dans le paysage littéraire actuel.

Ecrit avant le Covid, ce roman autour d'un virus inconnu se propageant à travers le monde est "prémonitoire". Même si les causes et les conséquences sont différentes, les enjeux scientifiques, sociétaux et humains ne sont pas sans rappeler ce que nous avons vécu.

Les Somnambules, c'est l'histoire d'hommes et de femmes qui se mettent à marcher les uns derrière les autres, sans but apparent, le regard vide et que rien ni personne ne peut arrêter. Cette immense procession grandit de jour en jour, les marcheurs deviennent de plus en plus nombreux, et avec eux le cortège de proches qui les suivent. Les autorités sanitaires sont déroutées devant ce phénomène inexpliqué et inexplicable. Les autorités politiques et policières sont dépassées. D'autant plus qu'en parallèle se développe une pandémie d'une rare intensité qui fait des ravages dans la population.

Le seul bémol de cet immense pavé est le côté un peu trop hollywoodien, un peu trop américano-centré dans le dernier quart du roman. Le virage pris, même s'il est compréhensible eu égard au reste du livre, peut dérouter ou légèrement décevoir le lecteur. Ce n'est que mon avis, purement subjectif, que peu de lecteurs partagent. Par contre le lectorat est unanime pour louer le talent de Chuck Wendig qui arrive à maintenir le suspense tout le long du récit. Aucun temps mort, très peu de longueurs émaillant le récit, probablement parce qu'il place l'humain au centre de l'histoire. Il dépeint les hommes et les femmes avec justesse, sans prendre parti, laissant s'exprimer la diversité de pensée : des scientifiques les plus professionnels aux complotistes les plus insipides, des suprémacistes blancs aux citoyens lambda, des politiques véreux aux religieux endoctrinés. L'auteur balaye une galerie de personnages plus vrais que nature où face à l'inconnu chacun d'eux réagit différemment et se révèle : la peur et la haine seront le moteur de certains quand d'autres feront acte d'altruisme et de dévouement.

Les Somnambules est donc un immense livre (et pas que par sa taille) qui dépeint une société divisée, égoïste et terriblement friable. Emprunt d'un certain optimisme, Chuck Wendig met en avant la communauté scientifique et l'abnégation de celle-ci face à l'obscurantisme. 

Anticipation, dystopie, post-apocalyptique, et intelligences artificielles sont au programme mais Les Somnambules est aussi roman social et une peinture réaliste du monde actuel où les travers de la société (américaine) sont dépeints avec justesse, et c'est surtout un livre à lire.


Chroniqué chez Outrelivres


Commentaires

  1. C'est un concept étonnant une trilogie en un seul volume.
    Je suis content pour toi que tu ne sortes pas déçu d'un tel pavé, moi j'aurais clairement peur que les bémols me dépriment au bout de tant d'heures. 😅

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    1. Les 900 premières pages sont excellentes, la fin dependra de chacun. Reste que c'est assez bluffant quand on pense que c'est écrit avant la pandémie. A se demander si le Covid n'a pas lu le livre avant de venir !

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  2. Tu fais chier, mais vraiment. Je suis en train de lire les enlumineurs tome 3 et ses 700 pages. Et là tu me donnes envie de m'enfiler 1200 pages...
    Je t'aime, mais tu ne peux pas savoir comme je te déteste. TU FAIS CHIER !!!

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    1. Quelle idée de lire les trois Enlumineurs à la suite... je ne suis pas sur que tu iras au bout de toutes façons ! :p

      Et merci de garder tes compliments après ta lecture. ;-)

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  3. Une chronique qui donne envie ! J'avais déjà vu passer de très bons retours sur ce roman mais j'avoue que le coté pavé me rebute un peu... mais je le garde en tête quand même ;)

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    1. Je n'ai pas vu passé les 900 premières pages... ;-)

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