Déroutant
Kay Dick est une personnalité britannique du monde de l'édition, totalement inconnue en France. Journaliste, critique et éditrice, elle a en outre publié dix romans outre-manche dont un seul a été traduit en France, quarante-cinq ans après sa publication originale.
Eux est le titre de ce très court roman (novella) ou plus exactement d'un fix-up de neuf nouvelles se déroulant toutes dans un même univers dystopique. Tous les textes ont comme point commun : ces personnes non nommées qui rôdent partout autour de la population et font régner une froide terreur, déclenchant la paranoïa chez les habitants qui seraient en dehors de la norme imposée. Tout est insidieux et chaque nouvelle nous plonge dans un abime dictatorial où les arts sont considérés comme néfastes et où les livres sont prohibés... Oppressant de bout en bout le récit montre à quel point il est possible (et facile !) d'ôter à la population toute envie de révolte, tout besoin de liberté et où la pensée singulière n'a pas lieu d'être, où chaque citoyen doit suivre la ligne directrice sans qu'il sache vraiment quand il en dévie. Les émotions, le désir et l'amour sont eux aussi proscrits, tout doit être lisse...
Froid et clinique, le style est assez déroutant. Il est à l'image du récit et ne permet pas de se plonger totalement dans cette sournoise dictature. En effet, les histoires étant très courtes, une dizaine de pages maximum, il est difficile de s'attacher aux personnages qui se succèdent rapidement d'une histoire à l'autre.
Surprenant et déconcertant, Eux, est une dystopie à part où la forme empiète largement sur le fond et ne permet pas de savourer pleinement le potentiel du récit. Dans la lignée des classiques du milieu du XXème siècle, la novella de Kay Dick est une curiosité qui balance entre chef d'œuvre et ennui.
"une curiosité qui balance entre chef d'œuvre et ennui."
RépondreSupprimerBest punchline 😅
Merci mais elle reflète parfaitement mon état d'esprit en lisant ce texte.
SupprimerÀ quel point le bandeau orange t'a poussé à le lire ? ^^
RépondreSupprimerJe ne pense pas que j'aurais pris le risque si ça avait été un roman 'normal', mais le côté fix-up me donne envie de lui laisser une chance à l'occasion. Chacun ses faiblesses. 🙈
Les bandeaux n'ont aucune influence sur moi. ;-)
SupprimerC'est vraiment la curiosité et comme c'était court j'ai pris le risque. Je ne le regrette pas même si il faut que je me fasse une raison, ce qui est daté ne me convient que trop peu souvent !
J'ai beaucoup aimé, j'ai trouvé le ton très "musical", ça m'a bien emporté.
RépondreSupprimerParfois ca passe, parfois ca casse... :-/
SupprimerJ'essaye de m'éloigner de plus en plus des dystopies, on en a eu beaucoup à un moment, mais le fait que ce soit court et singulier, ça me donne envie.
RépondreSupprimerCourt et singulier sont les maitres mots de ce texte !
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