Un worldbuilding de folie
Laurent Genefort est avec Pierre Bordage l'auteur le plus prolifique de l'imaginaire français. Ils ont également en commun la capacité de construire des mondes incroyables, crédibles et très visuels et sont surtout de formidables conteurs. Maitre du Space Opera, il s’égare parfois vers d’autres horizons allant du pulp comme avec le surprenant Jennifer a disparu ou l'excellent Planet Opera Lum’en. Avec Les Temps Ultramodernes l’auteur s’essaye pour la première fois à l’uchronie steampunk.
Les Temps Ultramodernes est un joli petit pavé de presque 500 pages qui nous emmène au début du XXème siècle mais pas celui que l’on connaît. Dans l’univers parallèle créé par l’auteur, la Cavorite, un nouvel élément chimique permettant de s’affranchir de la gravitation, a été découvert (Si vous voulez en savoir plus sur cet élément et ses applications, je ne peux que vous conseiller de lire L’abrégé de Cavorologie - disponible gratuitement en numérique). Mars est habitable, colonisée par l’Homme et peuplé par les Erloors, sous-considérés et exploités par l’espèce humaine. La France, pays phare de l’Europe, règne sur l’Empire de la Cavorite. Malheureusement l’âge d’or du précieux métal n’est plus, son efficacité est éprouvée sur le moyen terme et les nouveaux gisements se font rares, il faut trouver d’autres sources d’approvisionnement. Les tensions économico-industrielles se font sentir.
Comme à son habitude Laurent Genefort prend son temps pour poser et développer son univers. La première moitié du roman malgré un rythme assez lent n'est jamais ennuyeuse, la plume très visuelle de l’auteur faisant le reste. En quelques mots, quelques pages, nous voilà plongé au coeur d’un nouveau monde, découvrant avec émerveillement les us et coutumes, les transports ou encore la géopolitique. Rien n’est oublié, tout est millimétré, les petits détails font la différence et la rigueur est le maître mot.
Les chapitres courts qui alternent entre différents personnages, un artiste, une professeur, une journaliste, un commissaire de police…, chacun racontant un bout de vie, donnent du relief à l’univers et permettent de construire l'histoire. Pas besoin d’artifices, de cliffhangers incessants pour maintenir le suspense et tenir en haleine le lecteur, les faits s’enchaînent d’eux-mêmes, les révélations distillées à bon escient rendent la lecture addictive. Une certaine facilité dans l’avancée de l’intrigue et une résolution un peu trop rapide sont les seuls bémols du récit.
On ne pourra s’empêcher de faire des parallèles entre notre monde actuel et celui développé par Laurent Genefort : ressources qui s’épuisent, fascisme montant, racisme et sexisme exacerbés… toutes les horreurs et la violence des Hommes.
Avec Les Temps Ultramodernes, Laurent Genefort nous démontre encore une fois que l’on peut concilier une imagination débordante et une rigueur scientifique. Grâce à un worldbuilding exceptionnel, l’auteur nous délivre un roman aussi divertissant qu’intelligent, une uchronie de haute qualité, un plaisir de lecture.
Les avis de : Albedo, Au pays des cavetrolls, Dragon Galactique, Lune, Gromovar, Epaule d'Orion, Le chien critique
Je ne suis habituellement pas attirée par le steampunk, mais si tu dis que le worldbuiding est génial, je suis tentée de faire une exception...
RépondreSupprimerCela tourne surtout autour de la Cavorite, ce n'est pas 100% steampunk comme on l'entend généralement. A découvrir.
SupprimerBon bon bon, ça semble très sympa tout ça.... Merci de ton retour
RépondreSupprimerUn bon moment de lecture, très agréable sans excès. Du Laurent Genefort pur jus !
SupprimerÀ l'occasion il faudra que je teste.
RépondreSupprimerSurtout ne pas hésiter ! :)
SupprimerÇa y est ! Lu ! Tout pareil : un grand plaisir de lecture. Et quel voyage !
RépondreSupprimerSI tu veux prolonger l'aventure, je te conseille le podcast de Lloyd Chéry, C'est plus que de la SF, consacré à l'auteur et à ce roman. Très intéressant et cela permet de mieux comprendre l'intention de l'auteur.
SupprimerTrès bon en effet. Beaucoup de succès en bibliothèque.
RépondreSupprimerUn peu comme dans le film Metropolis, où il y a des strates supérieures avec une élite et des strates inférieures,le bas de l’échelle. En écoutant l’auteur j’ai bien compris où il voulait en venir.
Arnaud
Succès mérité pour un auteur au talent indéniable.
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