Vox - Christina Dalcher

Quelle bonne idée 

Roman hautement recommandé par Lune, Vox est dans la lignée du best-seller de Margaret Atwood, La servante écarlate. Christina Dalcher nous présente elle aussi une dystopie effrayante, patriarcale où les femmes n'ont pas leur mot à dire. Et ici, il faut prendre ces termes au sens propre : chaque femme à un compte-mots au poignet (pardon un bracelet !) et si elle dépasse les cent mots quotidiens une décharge lui sera délivrée par ce "bracelet", décharge augmentant avec le nombre de mots prononcés.

Nous sommes dans un futur proche qui semble improbable, impossible, c'est ce que se dit (en silence) Jean McClellan, cette ex-docteure en neuroscience devenue femme (muette) au foyer. Elle regrette le temps de la contestation, celui auquel elle n'a pas pris part. Elle regrette son abstention aux derniers votes, elle qui ne se sentait pas vraiment concernée par la politique... et aujourd'hui ce président fantoche élu démocratiquement alors que personne ne le voyait gagner, a mis en place un apartheid, une ségrégation homme-femme, une société patriarcale qui fait frémir.

Le frère du président, victime d'une attaque cérébrale, ne peut plus s'exprimer. Le gouvernement en place demande à Jean McClellan de reprendre ses travaux. Elle seule peut sauver le frère du président, ses recherches étaient sur le point d'aboutir et laissaient présager un avenir meilleur pour les victimes d'accidents vasculaires cérébraux. Ainsi elle va faire tomber le président et tout le système établi, et c'est là que le bât blesse...

Christina Dalcher n'a pas su finir son roman, ou elle a voulu une happy end sur un sujet qui au mieux aurait mérité une fin ouverte avec un minimum d'espoir. Ce n'est pas possible, pas crédible de passer d'une dictature au monde des bisounours (j'exagère un petit peu) en quelques jours. Du coup les facilités et les coïncidences heureuses parsèment la fin de l'histoire et une petite romance très fleur bleue achève le lecteur. On va dire que le dernier tiers du roman gâche l'essence même du roman. Vraiment dommage !

Cependant il faut quand même le lire. Le background est d'une qualité exceptionnelle. Quelle (bonne) idée de réduire les femmes au silence de cette façon. L'auteur nous montre que ce qui semble impossible peut arriver assez rapidement. Comment petit à petit nos libertés sont réduites et que nous acceptons l'inacceptable tant que cela ne nous concerne pas vraiment.

Vox est le reflet parfait de notre mode de vie d'aujourd'hui. Toute ressemblance avec les pouvoirs en place (en particulier avec Trump) n'est pas fortuite. Dans cette société dominée par le mâle blanc chrétien hétérosexuel, tous ceux qui ne rentrent pas dans cette catégorie sont forcément coupables. 

Vox a donc ce pouvoir, celui d'ouvrir les consciences, de faire réfléchir au monde que l'on veut laisser à nos enfants, de nous obliger à nous rebeller contre les discriminations...

Background exceptionnel et intrigue en carton pâte sont les deux pans de ce roman. Cependant l'univers décrit étant glaçant de réalisme, je ne peux que conseiller la lecture de Vox


Lune l'a dévoré et Blackwolf a décroché


Commentaires

  1. Bisounours, romance très fleur bleue et intrigue en carton pâte,...
    Malgré le Background exceptionnel, ce ne sera pas suffisant.

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  2. Après lecture de plusieurs avis très mitigés dont je suis sensible aux arguments, je passe définitivement mon tour sur ce bouquin. En plus, j'ai lu La servante écarlate il n'y a pas longtemps, qui est comme un coup de poing dans le ventre. Je vais m'en tenir là.

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    1. La servante écarlate est largement supérieure. Ici le chemin n'est qu'à moitié réalisé. Dommage.

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  3. Livre que j'avais offert à madame qui lui avait fort plu, mais ça ne sera pas pour moi.

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    1. Puisque tu l'as à proximité, essaye, ça ne coûte rien ! ;-)

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  4. Je l'ai dans ma pal, il va falloir que je le lise pour voir ça.

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  5. Ça me confirme que si jamais je dois en lire un, ça sera "La Servante écarlate". Ou alors peut-être juste lire les informations...

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    1. Il n'y a pas photos entre les deux. Et il faut lire la Servante écarlate...

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  6. Non, pas pour moi. Les retours ne me convainquent pas.

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    1. Il y a du bon surtout dans la première partie, la suite est moins réussie.
      Tu as d'autres livres à lire. ;-)

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  7. Très intéressant!
    En plus le titre me fait penser à un certain parti espagnol qui pourrait se revendiquer de telles pratiques.

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