Je consomme donc je suis
Il m'aura fallu du temps pour écrire la chronique de ce roman de Jean Baret. Cela fait un peu plus d'une semaine que j'ai terminé Bonheur™ et je suis encore un peu dedans. C'est un livre qui marque les esprits et qui ne laissera personne indifférent, aussi bien sur le style que sur le fond.
Olivier Girard, fondateur de la maison d'édition Le Bélial, a conscience que la publication de ce roman est un pari et que Bonheur™ est un OLNI de SF sociale et politique. Il propose donc les premiers chapitres gratuitement pour que le lecteur se fasse une idée. C'est donc en parcourant ces premières pages que je me suis décidé à acheter le roman. Bien que perplexe, j'étais à vrai dire entre répulsion et attraction, ma curiosité a été la plus forte.
Dans un futur proche, Toshiba et Walmart sont chargés de surveiller les fraudes à la consommation. Tous les habitants sont surveillés et se doivent de consommer. Si des écarts sont repérés, une enquête est ouverte et des représailles peuvent avoir lieu. En effet, une seule loi existe, il est obligatoire de consommer et tout le monde est obligé de s'y soustraire. Lors d'une banale enquête à la consommation, Walmart et Toshiba rencontrent un Netrunner (homme qui passe sa vie dans le monde virtuel) qui leur laisse une drôle d'impression. Ils décident de faire des recherches sur ce Netrunner et son monde virtuel. Ce qu'ils vont découvrir pourrait remettre en cause le leitmotiv de leur existence : Consommer c'est le Bonheur !
Livre coup de poing qui, pour dénoncer tous les maux de nos sociétés modernes, nous montre un futur où ces maux sont la norme. Tout est publicité. Des hologrammes sont présents du soir au matin vantant les mérites de milliers de produits que l'on se doit d'acheter pour atteindre le Bonheur. Tout est sponsorisé, chaque habitant a son sponsor de vie. Fini les noms propres, seul le nom du sponsor permet de définir une personne. Le sponsor reste, alors que l'individu est lui interchangeable à l'infini. Il n'y a pas de place à l'oisiveté, seule la consommation a le droit de cité, aucun temps libre. Des émissions où débattent des spécialistes sont diffusées partout, que ce soit dans les rues, dans la voiture ou dans les cages d’ascenseur. Et là encore, les spécialistes ont tous une pensée formatée, tous différents mais tous pareils.
La liberté de l'individu est totale, il peut vivre avec un ou plusieurs hommes et/ou femmes, avec un robot, un cyborg, un transhumain, un posthumain... L'individu est libre de se transformer physiquement, de s'injecter toutes les drogues qu'il veut, de vivre dans un monde virtuel, la seule chose immuable est son obligation de consommer, car consommer c'est être heureux.
Sur le fond, le roman est saisissant, agaçant, dérangeant, il imprime en nous une habitude, une logique : la consommation comme seule possibilité de vie. Le libre arbitre n'est plus, le choix inexistant. Et c'est juste un livre passionnant, intelligent qui égaie vos neurones. Sur la forme, les répétitions, la redondance des faits, la routine m'ont un peu dérouté voire agacé mais elles participent à la cohérence de l'ensemble.
En résumé, l'auteur pousse à l'extrême son raisonnement : la surconsommation comme mode de vie ultime et on le prend dans la gueule, nous petits consommateurs individualistes ! Bonheur™ est donc un livre qui fait réfléchir et nous permet de découvrir la pensée du philosophe Dany-Robert Dufour dont la postface apporte au livre un indéniable plus.
Achetez Bonheur™, sa consommation est indispensable !
Ah, que j'aime l'ironie de chaque chronique sur ce livre qui pousse à sa consommation.
RépondreSupprimerOn ne pousse pas à la consommation mais pour se procurer du bonheur, il faut se procurer Bonheur TM ! :-D
SupprimerJe viens d'acheter un iphone 2 d'Apple, une peugeot 103 SP et 50 recharges de ma boisson préférée Tang. Je pense investir prochainement dans une maison Mikit. Bref je nage deja dans le bonheur et mes finances l'interdisent de dépenser plus pour de la littérature. A moins que je souscrive à un crédit personnel chez le crédit lyonnais, ils ont des raisons d'interet bas pour les credits a la consommation
RépondreSupprimerMerci pour ce retour aux sources... je parle du Tang bien évidemment, c'était vraiment pas bon !
SupprimerJe ne crois pas que ce soit ma came. Je tourne à la contemplation des planches de vol de mes abeilles. Je ne fais de la surconsommation que dans la SFFF (et peut-être de miel...). Est-ce un mal?
RépondreSupprimerC'est la dose qui fait le poison, non !!! ;-)
SupprimerIl est dans le prochain masse critique sur Babelio, je vais le cocher, on verra bien. Mais me connaissant, je pense que si je le gagne pas, je risque de craquer, vu les 2 avis que j'ai vu passer.
RépondreSupprimerLa masse critique, j'ai repéré quelques trucs aussi... une façon de consommer sans vraiment consommer ;-)
SupprimerOui tout à fait d'accord, j'espère qu'on sera chanceux :)
SupprimerOn fera le bilan d'ici quelques jours... lol
SupprimerVoilà qui est intriguant ! ça me fait un peu penser à la BD de Bablet, Shangri-la. Je le note en tout cas !
RépondreSupprimerJe ne connais pas la référence que tu donnes donc je ne sais pas ! lol
SupprimerÇa me fait penser à Audience captive unpapillondanslalune.blogspot.com/2016/08/audience-captive-dann-warren-griffith.html
RépondreSupprimerBizarrement j'étais persuadée que ce roman parlait de drogue lol
Il en parle aussi... tout est drogue ! ;-)
SupprimerJe ne connais pas Audience Captive mais comme il n'y a pas de fichier numérique... ;-)
Hyper enthousiaste à la lecture de ce livre, j’attends maintenant avec impatience le deuxième opus !
RépondreSupprimerCa va vite arrivé... le 19 septembre prochain !
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