Anatèm (tome I) - Neal Stephenson

Ardu mais jouissif !

Anatèm est un livre que je désespérais de voir traduit en France. Roman emblématique de Neal Stephenson publié en 2008 outre atlantique, il a failli être publié aux éditions Bragelonne il y a quelques années mais le projet n’a pas abouti. Il aura donc fallu attendre 10 ans pour voir un éditeur français se lancer dans la traduction de ce pavé (900 pages dans la VO transformées en 2 tomes de 650 pages chez nous !) réputé intraduisible…

Anatèm est l’un des trois titres choisis par Gilles Dumay et Albin Michel Editions pour lancer la nouvelle collection Albin Michel Imaginaire.  Les deux autres étant un roman de Fantasy, Mage de bataille de Peter A. Flannery et un roman fantastique, American Elsewhere de Robert Jackson Bennett. Plus d’infos sur le site de la collection.

Le roman de Neal Stephenson est donc le roman SF du lancement, et même si il est très difficile de le cataloguer, c’est pour moi un livre rare, un véritable objet littéraire non identifié. Gilles Dumay l’a présenté comme ceci : Anatèm c’est Le Nom de la Rose 4000 ans après une apocalypse nucléaire.

Pour ceux qui ne seraient pas convaincus par ces quelques mots, la quatrième de couverture est un peu plus explicite : Fraa Erasmas est un jeune chercheur vivant dans la congrégation de Saunt-Edhar, un sanctuaire pour les mathématiciens et les philosophes. Depuis des siècles, autour du sanctuaire, les gouvernements et les cités n’ont eu de cesse de se développer et de s'effondrer. Par le passé, la congrégation a été ravagée trois fois par la violence de conflits armés. Méfiante vis-à-vis du monde extérieur, la communauté de Saunt-Edhar ne s'ouvre au monde qu'une fois tous les dix ans. C'est lors d'une de ces courtes périodes d'échanges avec l’extérieur qu’Erasmas se trouve confronté à une énigme astronomique qui n’engage rien de moins que la survie de toutes les congrégations. Ce mystère va l’obliger à quitter le sanctuaire pour vivre l’aventure de sa vie. Une quête qui lui permettra de découvrir Arbre, la planète sur laquelle il vit depuis toujours et dont il ignore quasiment tout.

Anatèm n’est pas un livre qui se raconte, c’est un livre qui se lit, qui se vit… et c’est un livre très exigeant où il faudra de la patience et de la persévérance, où il faudra accepter de ne pas tout comprendre de suite.  C’est surtout dans les premières pages que la tâche est ardue car Neal Stephenson nous plonge directement dans son univers en employant un vocabulaire propre à celui-ci. Il faut donc un temps d’adaptation pour apprivoiser tous les néologismes et le monde dans lequel Fraa Erasmas évolue. Il m’aura fallu 50 pages pour que les difficultés s’estompent, 50 pages où j’ai lu, relu voire re-relu des paragraphes entiers pour essayer de comprendre. Et 150 pages de plus pour que tout s’éclaircisse et là, la lecture devient plus fluide, plus facile. Cela peut paraître démentiel mais non, Neal Stephenson joue avec ses mots et nous aussi !

Pour aider à la compréhension, l'auteur nous livre des extraits du Dictionnaire, décrivant ainsi l'histoire de son vocabulaire. Il y a tout un travail sur les mots, leurs origines et leurs évolutions à travers les âges. Chaque définition étant l'occasion de nous présenter ainsi différents personnages, différents moments de vie. Petit à petit, l'auteur nous offre les clefs de son monde et il faudra ouvrir de nombreuses portes avant d’appréhender totalement l’univers, ses doctrines philosophiques, ses courants religieux ou ses thèses scientifiques... un incessant questionnement sur l'Homme et sa place dans l'Univers.

La réussite de ce livre est en grande partie due au traducteur, Jacques Collin, qui a fait un travail fantastique. Il est arrivé à transcrire la fluidité du récit, à faire siens les mots de l’auteur. Je serais curieux de savoir comment il a appréhendé cette traduction. Un travail titanesque a été fourni pour que tout cela sonne aussi juste. C’est juste bluffant.

J'ai été émerveillé par ce tome I, un livre passionnant de bout en bout, sans temps mort ni longueur. Un roman hors du commun, il ne reste plus qu'à attendre le 31 octobre prochain et la parution du tome II pour connaitre la fin des aventures de Fraa Erasmas.


Les chroniques plus détaillées d'Apophis de Gromovar et de Feydrautha


Commentaires

  1. La quatrième de couverture donne envie, la présentation de GD de même, mais 200 pages de difficultés avant d'entrevoir la lumière refroidit mes ardeurs. Du moins pour le moment, ayant plus envie de lire des romans "faciles".
    Je garde donc dans un coin de ma tête

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    1. Tu vois la lumière bien avant... il faut juste le prendre comme un jeu où tu comprends les règles au fur et à mesure. Mais un jeu qui vaut le déplacement.

      Il faut juste avoir envie d'y aller, ça se mérite et ce n'est pas le roman le plus facile mais c'est vraiment bon.

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  2. A la fois intriguée mais aussi l'impression que ce n'est pas pour moi !

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    1. Pourquoi ? Ce n'est peut être pas le moment pour toi mais ca devrait te plaire...

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    2. A cause de la faible disponibilité de mon cerveau en ce moment lol

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    3. Non, ce n'est pas que le cerveau... ;-)

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  3. (merci pour le lien)

    Même ressenti que toi, que ce soit sur les difficultés ou l'énorme intérêt de ce bouquin. Vivement le tome 2 et merci pour ta critique !

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    1. J'ai juste peut d'être déçu par la fin, le chemin est tellement beau...

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  4. Rhaaaaa! Méchant! Tu me donnes encore plus envie de lire ce livre!!!! Rhaaaaaa. maudit sois-tu, je dois attendre, moi!

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  5. Je viens de le finir et partage complètement ton avis.

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    1. Je vais ajouter un lien vers ta chronique qui est superbement écrite.

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  6. C'est fort tentant, mais ça demandera à être lu au bon moment. ^^

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    1. C'est sur que ça ne se lit pas en dilettante... je pense qu'il ne faut pas trop se disperser (surtout au début ;-) )

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  7. Mais mais c’est le lundi matin qu’il faut publier ses chroniques pas le soir !! 😉
    Une chronique qui donne envie, je le garde dans un coin de ma tete meme si en ce moment je n’ai pas la tete a ce genre de lecture.
    Je pense que tu pourrais essayer de contacter le traducteur, une petite interview sur cette traduction serait a mon avis tres interessante 😉

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    1. Ok, je note pour la prochaine fois, publier le matin...

      Pour l'interview du traducteur, je ne suis pas sur de savoir faire. Il y aura bine une interview de lui chez Just a word ou chez un autre blogopote. ;-)

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  8. Alors pour le coup, les complexités ne me tentent pas du tout. Je vais attendre de pouvoir le feuilleter pour me décider vraiment, mais pas sûr que ça soit pour moi.

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    1. Ce n'est pas complexe, c'est juste pas facile... rien d'insurmontable, il faut un minimum d'attention au départ, après ça roule tout seul...

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  9. Dûment repéré … mais je veillerai à choisir le bon moment pour le lire (quand j'aurai envie d'une lecture exigeante !) !

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    1. Avec le recul, je me dis qu'il n'était pas si exigeant que ça... ou d'une exigence exquise !

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  10. Ça pourrait carrément me plaire, mais en mode quitte ou double. Il m'intrigue beaucoup en tout cas.

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    1. Je pense que certains vont être surpris si ils ne sont pas prévenus... curieux de voir les prochains retours.

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  11. Bien envie de le lire, par contre je vais définitivement attendre d'avoir retrouvé un peu plus de cerveau pour me lancer dedans...

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    1. Il faut surtout un peu de calme pour le commencer...

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  12. Je pense que je vais craquer pour ce roman. Il faudra juste que je me trouve un moment un peu calme pour le lire et en profiter pleinement!

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