Avec joie et docilité - Johanna Sinisalo

Bienvenue en Finlande !

Non pas la Finlande démocratique que l’on connaît aujourd’hui mais une Finlande qui aurait pris une autre voie historique. Pas de démocratie mais une République Eusistocratique. Vous l’avez compris nous sommes là en pleine uchronie. Qui dit uchronie, dit bien souvent dystopie… et là pas de doute on est loin d’atteindre le bonheur sous ce régime autoritaire.

Quelques mots sur la République Eusistocratique, c’est un régime autoritaire, totalitaire, eugéniste. Un pays refermé sur lui-même aussi bien intellectuellement que géographiquement. Les frontières sont hermétiques et les technologies ont été bannies. Un pays entièrement sous contrôle où tout ce qui peut amener du plaisir est interdit, pas de tabac, pas d’alcool, pas de café. La moindre possession et/ou consommation de ces produits sont fortement réprimandées. Certains ont trouvé une alternative : les piments (aliments interdits mais qui se cultivent assez facilement à l’abri des regards !) En effet les piments contiennent plus ou moins de capsaïcine selon les espèces, une substance psychotrope qui permet d’échapper à la triste réalité.

La structure sociale est assez simple, il y a deux catégories. Les hommes, composés des Virilos, grands, forts , virils, dominateurs et des Infrahommes, catégorie que l’on ne croisera pas ici. Et les femmes réparties entre les dociles Elois, femmes domestiquées depuis la plus tendre enfance dans le but de servir les Virilos, qui ne peuvent s’occuper que de la maison, de leurs enfants et de leur mari. Femmes toujours apprêtées qui se doivent d’être les plus féminines et les plus présentables possibles et surtout qui ne doivent pas réfléchir. L’autre catégorie de femmes étant les Morlocks, d’apparence plus masculine, n’ayant pas de gout pour les tâches féminines, elles sont rejetées par la société et stérilisées pour éviter leur prolifération.

Je ne vais pas vous présenter plus en détail la vie quotidienne finlandaise, je vous la laisse découvrir en suivant la vie de Vanna/Vera une Morlock à l’apparence Eloi, de sa petite sœur disparue et de leur grand-mère…

Récit rythmé où alternent de courts chapitres retraçant la vie des protagonistes, des lettres, des extraits du manuel de la Domestication de la Femme, des coupures de journaux… De nombreux flashback permettent de comprendre le système Eusistocratique. Johanna Sinisalo nous peint un univers réaliste, détaillé avec des personnages crédibles, profonds, une belle maîtrise quasiment parfaite de bout en bout. Le petit hic se trouve dans le dernier tiers du livre quand l’auteur prend un virage à 180 degrés délaissant son univers pour un trip plus mystique ! Et là, ça ne prend plus…

Pour conclure, malgré une fin en demi-teinte, je vous recommande vivement ce livre ne serait ce que pour sa première partie « La Cave » qui est une énorme claque (sûrement l’effet de la capsaïcine) C’est aussi une ode à la liberté, un livre qui dérange, qui fait mouche… bref un livre à lire !


Commentaires

  1. eloi et morlock! wells sort de ce livre! lol.

    RépondreSupprimer
  2. Malgré cette 2nde partie très mystique je reste marquée par cette dystopie sur la place de la femme.

    RépondreSupprimer
  3. Je ne lis pas ton avis, car j'ai envie de lire ce bouquin rien qu'à cause de cette couverture !!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @ Diane : les références sont assumées ;-)

      @ Lune : un livre marquant en effet (dommage le virage pris par l'auteure sur la fin !)

      @ Val : tu peux y aller, c'est de la bonne came !

      Supprimer
  4. Je n'ai jamais été aussi d'acccord avec un avis, on est d'accord que le dernier tiers du livre part dans tous les sens. C'est ce qui m'a empêché d'avoir un petit coup de coeur, car en finissant ma lecrture, je suis restée très sceptique car je ne savais pas ce que je n'avais pas aimé, et plus j'y réfléchissais, plus je me rendais compte que c'est au dernier tiers que j'ai arrêté d'être complètement dans le livre.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. 3 ans après la lecture, je ne me souviens plus du dernier tiers mais le début m'a marqué et depuis je ne regarde plus les piments de la même façon. ;-)

      Supprimer

Enregistrer un commentaire