Oeil et Esprit - Antoine Vanhel

Bénéfices / Risques

Dans le domaine de l'Imaginaire et plus particulièrement en SF, la nouvelle reste le format le plus excitant aussi bien pour le lecteur que pour l'auteur. Elle impose d'aller à l'essentiel, d'éliminer les fioritures, et exige une narration efficace autour d'une idée forte et inventive. Ce format permet de tester des concepts audacieux ou des constructions narratives innovantes, mais il limite nécessairement le développement du worldbuilding et la multiplication des personnages. Œil et Esprit, dernier opus de la collection Chronopages des Editions 1115, en est un exemple parfait.

Dans un futur indéterminé, l'humanité a commencé à coloniser l'espace. A bord de la station spatiale Tiandong, en orbite près de Jupiter, Yuri dine en compagnie de Moehau. Tous deux sont atteints de l'anthropagnosie, une maladie qui déforme la perception des autres et provoque des hallucinations visuelles. Heureusement des lentilles correctrices permettent de corriger ces troubles... à condition de suivre scrupuleusement les recommandations médicales.

Avec Œil et Esprit, Antoine Vanhel s'interroge sur les limites de la Science face aux maladies incurables : comment apporter du réconfort au patient sans que le traitement soit plus néfaste que la maladie elle-même ? Il soulève également des questions éthiques sur les barrières à ne pas franchir. En filigrane, c’est tout l’équilibre entre bénéfices et risques qui est mis en question.

Autour d'une idée originale, l'auteur construit un univers futuriste crédible et intelligent, développant progressivement une intrigue autour de personnages attachants mais perdus, jusqu'à un dénouement surprenant. Le tout en nous questionnant sur notre propre rapport à la médecine, entre espoir technologique et dérives potentielles.

Si Œil et Esprit n’est pas exempt de quelques facilités scénaristiques, il remplit pleinement sa mission : divertir tout en nous faisant réfléchir. Une nouvelle de SF à la fois intelligente et humaine, où la technologie n'est pas qu'un artefact mais le miroir de nos propres interrogations.

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