Protectorats - Ray Nayler

Le renouveau de la SF

Ray Nayler est l'auteur d'une cinquantaine de nouvelles et d'un roman The Mountain in the Sea (qui paraitra au Bélial en début d'année prochaine). A l'instar de Rich Larson, il incarne le renouveau de la Science-Fiction outre atlantique. Depuis quelques années l'Epaule d'Orion fait la promotion de l'auteur en le mettant à l'honneur sur son blog, ce qui n'a pas échappé aux équipes du Bélial et en particulier à Ellen Herzfeld et Dominique Martel qui dirigent la collection Quarante-Deux. Les deux anthologistes ont ainsi regroupé quatorze titres au sein d'un recueil intitulé Protectorats qui n'a pas d'équivalent dans le monde anglosaxon. Trois des textes ont été initialement publiés dans la revue Bifrost, les autres étant complétement inédits mais l'ensemble fait partie d'un même univers les Protectorats d'Istanbul.

Un petit mot sur ces Protectorats d'Istanbul, univers uchronique dont le point de rupture arrive en 1938 quand une soucoupe volante s'écrase sur le sol américain. Ces derniers récupèrent des technologies extraterrestres et les utilisent sans toutes les comprendre parfaitement. Toujours est-il que cela change la face du monde, la seconde guerre mondiale se déroule différemment et les conséquences amènent un futur divergent. Les Etats-Unis sont toujours les maitres du monde, l'Europe leur vassal, la Chine débarrassé du communisme, la Russie reléguée au second rôle et la Turquie a un statut à part, celui d'un Protectorat qui s'étend sur une grande partie de l'Eurasie : voilà pour la géopolitique. Au niveau technologique, de nombreuses avancées font leur apparition tels des voitures volantes et des rayons de la mort (ce qui donne un petit côté Pulp) ainsi qu'un développement de pointe dans de nombreux domaines scientifiques, en particulier au niveau médical avec par exemple l'apparition d'artefacts permettant de s'immiscer dans le cerveau, la mémoire et les souvenirs. Bienvenue au connectome, vacant, boucles de désintégrations et autres technologies plus ou moins intrusives, plus ou moins dangereuses.

Je ne vais pas vous faire le catalogue des nouvelles, ce qui ici n'a pas vraiment d'intérêt contrairement à certains autres recueil. En effet, ici, toutes les histoires sont de qualité, chacun aura bien sûr ses préférences mais il y a une constance dans les textes, une régularité qui à l'instar de Ken Liu ou de Robert Charles Wilson met l'humanité en lumière. L'individu est la pierre angulaire de chaque texte, il est impossible de ne pas s'identifier et de ne pas ressentir les turpitudes de cet univers et d'en éprouver les émotions. Mais c'est aussi des textes très poussés sur la conscience, la connaissance, la mémoire et les souvenirs, il y a donc un peu de Greg Egan dans ce texte mais en moins abscons, plus compréhensible.

Prise individuellement les nouvelles sont très plaisantes mais parfois il manque un petit quelque chose pour bien appréhender l'univers (c'est peut-être le ressenti que vous avez eu en lisant Sarcophages ou L'hiver en partage dans Bifrost), et c'est là que l'on peut saluer le travail des anthologistes qui ont créé ce recueil à la fois unique et très pertinent. En effet chacune des nouvelles choisies éclaire les autres, permettant ainsi d'appréhender la globalité de l'imaginaire de Ray Nayler. Cette cohésion est le petit plus qui fait de Protectorats l'un des meilleurs recueils de la collection.




Commentaires

  1. J'avais vu des très bons retours mais je n'avais pas pris le temps de m'intéresser au contexte uchronique de l'univers. Ça me donne encore plus envie !

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  2. Le Nocher des livres28 novembre 2023 à 08:21

    Pareil : je suis tellement tenté que je viens de l'acquérir. Plus qu'à le glisser dans mes prochaines lectures.

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  3. Super, j'ai hâte de le lire celui-là !

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