Le numéro 108 de la revue Bifrost du Bélial est consacré à Octavia Butler, écrivaine américaine née en 1947 et décédée en 2006. Autrice méconnue et peu prolifique, sa bibliographie est plutôt sommaire : 12 romans et 9 nouvelles. En France elle est mise à l'honneur par les Editions du Diable Vauvert qui la publient depuis le début des années 2000.
Tout bon Bifrost qui se respecte commence par l'Edito du boss, Olivier Girard, qui dresse un constat plutôt pessimiste sur le milieu de l'édition pour cette année 2022 et qui n'est guère optimiste pour l'avenir, en particulier pour les éditeurs d'Imaginaire.
Avant de revenir sur les quatre nouvelles présentes dans ce numéro, petit tour d'horizon des rubriques habituelles. Tout d'abord le carnet de bord qui fait le tour des dernières parutions, suivi non pas de la plume acide de Thomas Day sur les revues de ces derniers mois mais par une présentation des anthologies du moment par Philippe Boulier. Ensuite vient une interview de Guillaume Sorel, illustrateur généralement peu disert mais de grand talent. La partie scientifique est assurée une nouvelle fois par l'inimitable Roland Lehoucq qui nous emmène dans l'espace interstellaire et ce n'est pas facile. Le dossier consacré à Octavia Butler permet de découvrir cette autrice. Les Editions du Diable Vauvert qui la publie depuis le lancement de la maison d'édition ont bien l'intention de proposer l'ensemble de l'œuvre de l'autrice dans les années à venir, comme nous l'apprend Marion Mazauric, sa fondatrice.
- Collatéral de Peter Watts
Becker est une militaire augmentée, une cyborg ultra perfectionnée qui normalement ne peut pas faire d'erreur. Mais voilà, lors d'une mission, des civils sont tués. Becker tout en essayant d'en comprendre la raison doit répondre à un journaliste qui ne lui est pas acquis et ainsi gérer les retombées médiatiques.
Peter Watts fait du Peter Watts, il faut s'accrocher pour rentrer dans l'univers décrit où rien n'est vraiment explicite puis quand on commence à prendre ses marques, l'auteur vous perd dans ses explications. Je n'ai retenu que la déshumanisation de la militaire et les problèmes liés à des technologies de plus en plus pointues, de plus en plus indépendantes, qui parfois peuvent semer le chaos plutôt que de le résorber. Comme souvent avec l'auteur on ressort avec l'impression d'avoir compris l'essentiel mais dans le même temps d'avoir loupé ce qui fait l'essence même du texte. Bref, j'ai encore lu Peter Watts !
- Un soir d'orage de Nicolas Martin
Par ce soir d'orage, Enzo sent la crise d'épilepsie arriver. Un orage d'une force inouïe et d'une teneur différente de l'habitude. Quand l'électricité est coupée, il se sent abandonné : ses parents sont partis et sa sœur qui devait s'occuper de lui ne répond pas. Il doit se débrouiller seul.
Première fois que Nicolas Martin est publié dans Bifrost avec ce texte de SF horrifique. Ce n'est pas le genre qui me parle le plus, je n'ai pas vraiment accroché à l'histoire. Par contre j'ai découvert une très belle plume où sont admirablement retranscrits la peur et l'effroi. Impossible de ne pas s'identifier, de ne pas s'accrocher à ce petit bonhomme, de ne pas vivre ses peurs. Rien que pour ça : bravo !
- Glace de Rich Larson
Sedgewick et Fletcher, deux frères, viennent d'arriver avec leurs parents sur la planète-coloniale Néo-Groenland, un monde de glace où l'un des passe-temps (dangereux) des autochtones est de parcourir la banquise à la découverte des baleines de glace. Alors que l'ainé est un naturel, le plus jeune des frères est un augmenté, ce qui crée des tensions dans la fratrie et une certaine rivalité due à leurs différences. Peut-être que la course à la baleine sera l'occasion pour les deux gamins de se retrouver.
Un univers bien particulier pour une histoire de famille plutôt classique. Cette nouvelle ne m'a pas particulièrement parlé, c'est beau, de la bonne SF sur le fond mais la forme m'a plutôt ennuyé.
- Enfants de sang d'Octavia Butler
L'une des rares nouvelles écrites par l'autrice. Celle-ci a reçu les prix Hugo, Nebula, Locus en 1984. Gan nous narre sa dernière nuit d'enfant avant qu'il n'accepte ce qui va lui arriver sans en connaitre la teneur.
Je ne suis jamais arrivé à rentrer dans l'histoire, ce n'est vraiment pas le genre qui me sied, ca ne me parle pas.
Pour conclure, ce numéro de Bifrost spécial Octavia Butler m'a permis de découvrir une autrice, un univers, mais ce que je pressentais en lisant les différentes critiques de ses romans s'est avéré juste : ce n'est pas cet imaginaire qui me fait rêver, qui me parle.
L'imaginaire d'Octavia Butler n'est clairement pas là pour faire rêver, il met des baffes et prend aux tripes. Mais c'est ce qui est bien avec l'imaginaire : il y en a pour tout le monde.
RépondreSupprimerC'est exactement ça. Le spectre est large, on peut facilement trouver notre "bonheur" et c'est ce qui fait la force de notre genre de prédilection.
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