Argyll est une nouvelle maison d'édition qui a publié son premier roman (Le crépuscule de Briareus) début mars. Trackés de Christophe Nicolas est le deuxième de l'année. Cette maison d'édition se veut plus solidaire et plus respectueuse des auteurs et autrices. Vous trouverez plus d'infos sur leur site : un modèle éditorial différent pour le plaisir de tous.
Le livre du jour, Trackés, est le cinquième roman de Christophe Nicolas et le troisième que je lis après Le camp et Chute. L'auteur s'intéresse ici à nos données personnelles et à l'utilisation qui en est faite par les grandes multinationales, le tout sur fond de scandale politique.
Tout commence en 2014 où Hugo Henri, un toulousain, participe à sa première manifestation suite à la mort d'un zadiste lors de l'évacuation de leur campement. Le rassemblement dégénère vite et Hugo se retrouve piégé entre les black-blocks et les CRS, puis finit sa nuit en garde à vue après avoir été molesté par les forces de l'ordre. Un an et demi plus tard, Yannick Diaz, un ancien journaliste mis au ban suite à ses différentes prises de position mais toujours actif, annonce à sa fille Julia qu'il est sur un gros coup. Quelques heures après il est retrouvé mort dans son appartement. Les services de police concluent rapidement à un acte terroriste mais Florence Roche, une placardisée connaissant la victime, doute et exige (en vain) d'être chargée de l'enquête. Julia quant à elle est contactée par une source de son père, lui demandant de suivre ses instructions à la lettre si elle veut savoir par qui et pourquoi son père a été tué. Ce qu'elle va découvrir va remettre en cause nombre de ses certitudes...
Christophe Nicolas nous propose un thriller militant, un manifeste politique et une interrogation sur les données personnelles dont le prologue donne le ton et qui, je pense, risque de laisser du monde sur le carreau. Les chapitres plus ou moins courts donnent du rythme à la narration, les quelques flash-back sur la vie d'Hugo pour comprendre son rôle sont eux aussi intéressants. L'auteur ne s'affranchit pas des raccourcis et coïncidences heureuses propres au genre mais rien de fâcheux. C'est donc un roman où l'on peut prendre du bon temps mais...
Trackés est aussi un roman militant ce qui en soi n'est pas dérangeant mais qui ici à tendance à être très manichéen. D'un côté il y a les méchants : médias, gouvernements, politiques, firmes multinationales et de l'autre les gentils : lanceurs d'alertes, révolutionnaires, zadistes. Bref le système est pourri et seuls ceux qui veulent le faire tomber ont de la considération. Cela manque singulièrement de nuances.
Heureusement Trackés ce n'est pas que cela. Il interroge sur l'utilisation de nos données personnelles, que ce soit notre activité sur Internet, nos tweets et autres partages sur les différents réseaux sociaux mais aussi sur toute activité passant par le web et qui laisse une trace ineffaçable. L'auteur plutôt cynique nous plonge dans un univers que nous utilisons tous les jours mais que nous ne connaissons pas réellement. Oublier le droit à l'oubli, tout ce qui est passé par les serveurs restera à jamais et personne ne peut réellement savoir ce qui en sera fait demain...
Et pour finir une dernière particularité, l'auteur place son roman en France dans les années 2010 en gardant les faits historiques mais remplace tous les noms des politiques, journaux et enseignes. Mediapart devient ainsi Medianet, Decathlon se voit transformé en Crossathlon et bien sûr personne n'aura reconnu Google derrière les multiples applications GoXXX...
J'étais tellement sûre que l'orientation politique te plairait pas, je suis mdr 🤣 moi au contraire je trouve tout cela (comportement de la police, des médias...) si pertinent que c'en est inquiétant.
RépondreSupprimerSinon je suis dedans donc et c'est très prenant !
C'est efficace, je te l'accorde...
SupprimerJ'attends l'avis de Lune pour voir si ça contrebalance, mais ça ne part clairement pas sur une envie de lecture pour le moment. En plus, les noms remplacés c'est l'un des trucs qui peut m'énerver le plus dans un livre je crois. >.<
RépondreSupprimerIl remplace les noms c'est vrai et perso je me suis amusée en devinant qui était qui. Sauf qu'il a fait réélire Sarkozy (ici renommé Bossaillon) une seconde fois, en 2012. Donc ça bouge les lignes plus à droite.
SupprimerJe suis assez d'accord avec Baroona, cela m'a fait un peu sortir du livre par moment. Comme par exemple de ne pas désigner Trump mais un milliardaire en passe de gagner les primaires républicaines...
SupprimerSinon l'avis de Lune contre balancera forcément le mien. Et il y en aura d'autres quelques SP ont dû être distribués et il y aura bien quelques lecteurs curieux.
Je reste curieuse malgré l'avis mitigé... Je pense que le côté manichéen va me faire tiquer aussi probablement mais au moins je sais à quoi m'en tenir ^^
RépondreSupprimerC'est à découvrir, il y a de bonnes interrogations. Il manque un contre-poids pour équilibrer le récit.
SupprimerC'est dommage ça a l'air assez intéressant, mais l'aspect politique m'attire moyennement et comme Baroona je crains que le remplacement ne me gêne pas.... Je vais probablement passer mon tour sur ce coup-là.
RépondreSupprimerC'est un livre ouvertement militant et politique, je pense que tu peux lire les premières pages gratuitement. Ca te donnera une idée assez claire...
Supprimer