Un gentleman à Moscou - Amor Towles

Étrange roman

En m'attaquant à ce pavé qu'est Un gentleman à Moscou d'Amor Towles, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. L'envie de changer d'horizon et le pitch assez surprenant m'ont décidé à me lancer dans l'aventure... une sacrée aventure !

Au début des années 1920, le comte Alexander Illitch Rostov est condamné à vivre en résidence surveillée dans le luxueux hôtel Metropol de Moscou, hôtel où il avait ses habitudes aristocratiques. Malheureusement s'en est fini de la suite haut de gamme, le voilà relégué au fin fond d'un couloir désaffecté dans une minuscule chambre de bonne. Gardant un flegme quasi britannique, il accepte sans sourciller son sort. Ses déplacements se limitant à l'enceinte de l'hôtel, il se lie d'amitié avec quelques-uns des employés de l'hôtel ainsi qu'avec quelques résidents de passage. Nous suivrons pendant plus de trente ans les aventures et péripéties du comte au sein du Métropol, croiserons les hauts dignitaires russes de l'époque et découvrirons que la vie d'un reclus peut être très mouvementée.

La force de ce roman, outre l'inénarrable comte Rostov, est la galerie de personnages plus que pittoresques qui hantent les couloirs du Métropol. Tous ont des histoires ordinaires mais dans un contexte extraordinaire et l'auteur sait les mettre en valeur. Amor Towles prend son temps dans les descriptions et est très pointilleux. Chaque parole, chaque événement aura une répercussion et on retrouvera une certaine magie dans la narration où les détails les plus insignifiants prendront de la valeur au fil des pages.

La contrepartie à ces multiplies descriptions est une certaine lenteur voire certaines longueurs que ce soit dans les dialogues ou les différentes aventures. Par exemple dans les cuisines et restaurants où l'auteur s'amuse à nous détailler avec minutie tout ce qui se trouve dans les assiettes, à deux doigts de nous expliquer comment préparer les aubergines farcies...

Rien n'est laissé au hasard, tout s’enchaîne parfaitement, jusqu'à la conclusion finale à la mesure de ce qu'est le comte Rostov : un malicieux et surprenant aristocrate qui a su se rendre indispensable et transformer sa peine en un immense jeu.

Mais Un gentleman à Moscou est aussi un livre politique, une critique du communisme et de ses dérives avec son lot de petites anecdotes savoureuses comme celle des étiquettes sur les bouteilles de vin qui ont été décollées pour n'avoir que du blanc ou du rouge à la carte et à un prix unique !

Pour conclure Un gentleman à Moscou est un roman ou plutôt un conte poétique qui navigue entre la dérision et l'ironie, qui nous permet de découvrir une partie de l'histoire russe sous un biais humoristique. Divertissant, étonnant, émouvant, il ne souffre que par ses quelques longueurs... mais le final à lui seul mérite ces quelques pages de trop !


Lune, Pativore et Le Joyeux Drille ont apprécié le confinement


Commentaires

  1. Je suis assez Russie/URSS en ce moment , alors je note.

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    1. Si en plus la période 1920 - 1950 t’intéresse, c'est le bon livre !

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  2. Lune m'avait déjà fortement tenté, tu valides définitivement sa présence dans ma liste à lire - même s'il n'y a pas la recette des aubergines farcies, quel dommage.

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    1. Non mais il y a de nombreux plats qui passent et repassent ! C'est assez envoûtant comme récit !

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  3. Lu à sa parution et coup de cœur pour moi, ça ressemble à de la littérature russe (descriptions, ambiance...) mais c'est de la littérature américaine !
    Je me permets de mettre mon lien : https://pativore.wordpress.com/2018/11/07/un-gentleman-a-moscou-d-amor-towles/

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  4. Ca m'attire beaucoup et j'adore la couv (qui me fait vaguement penser à celle des 7 morts d'Evelyn Hardcastle, tiens...

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    1. Je me suis fait la même réflexion sur la couverture...

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  5. Le côté russe m'attire moyennement pour le coup. Je vais passer mon tour ^^

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