Mémoire d'une époque
La Manufacture de Livres se démarque dans le paysage éditorial : cette maison d'édition indépendante réunit des auteurs et autrices contemporains dont les récits - héritiers des romans noirs et/ou sociaux - captent les tensions de notre époque. Elle donne la parole à de nouvelles plumes, tout en réservant une place à des personnalités plus aguerries comme Jérôme Leroy par exemple.
Avec Le Lotissement, Claire Vesin signe son deuxième ouvrage - après Blanches, un roman poignant consacré à la déliquescence des services publics hospitaliers. Elle nous plonge au coeur des années quatre-vingt dans un lotissement d'un petit village de la grande banlieue parisienne dont le quotidien est bouleversé par l'arrivée d'une nouvelle institutrice dans l'école du bourg et la construction de HLM dans le champ voisin...
L'incendie dans la maison des Montdessert est le point d'orgue de cette année 1986 qui a vu de nombreux drames se dérouler dans ce petit lotissement habituellement calme de Mare-les-Champs. Notre narratrice n'avait pas dix ans et avait tout oublié, tout enfoui... Mais trente ans plus tard, la mort de sa mère la ramène sur les lieux de son enfance, où elle replonge dans un passé aussi trouble que la décennie elle-même.
Les fils de l'intrigue rapidement dévoilés et compris ne servent qu'à évoquer une époque en réalité ni si lointaine ni si révolue. Une époque où les femmes se voient assigner l'éducation des enfants et les tâches ménagères, où le racisme prend de l'ampleur, où les peurs du lendemain se font plus vives, où le changement s'impose même à ceux qui s'y opposent farouchement.
Claire Vesin dépeint avec clairvoyance les rapports sociaux d'une communauté aux apparences trompeuses, où se dissimulent jalousies et aspirations refoulées. Elle s'attarde surtout sur ces femmes reléguées aux tâches supposées subalternes mais qui rêvent d'émancipation et de liberté.
Roman subtil et implacable, riche en rebondissements et parfaitement maîtrisé, Le Lotissement séduit par sa finesse et sa nostalgie. Une plongée dans la douce torpeur des années quatre-vingt, où chaque détail résonne comme un écho du passé.
J’avais bien aimé ”Blanches”qui évoquait la vie des urgences et la décrépitude de l’hôpital aujourd'hui à travers des personnages et leur histoire.
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas cette parution.C’est noté.