Le Mensonge Suffit - Christopher Bouix

 
Pas loin du Bonheur™

En un peu moins de trois ans, Christopher Bouix a publié Au Diable Vauvert trois romans indépendants ayant pour thématique commune, les Intelligences Artificielles. Trois livres qui nous questionnent sur notre futur et notre rapport aux IA dans leur utilisation et leur contrôle. Après l'excellent Alfie autour des objets connectés et du deep learning, le décevant Tout est sous contrôle et sa recherche du bonheur algorithmique, Le mensonge suffit met en scène un simulacre de justice 2.0.

Cent vingt minutes, c'est à peu près le temps qu'il faudra pour lire ce court roman mais c'est aussi le temps que le public aura pour juger de la culpabilité (ou non) du citoyen-utilisateur Ethan Chanseuil accusé de meurtre. Comme procureur, Milo, un androïde doté d'une Intelligence Artificielle. Comme juge, le public qui assiste à l'émission (le tribunal populaire par définition !) et vote en live au gré des annonces de Milo et des réponses d'Ethan, seul, sans avocat, monitoré en continu et pouvant être sédaté si sa fréquence cardiaque augmente au-delà d'un certain seuil.

Christopher Bouix continue son exploration des IA du futur, poussant les curseurs dystopiques assez loin sans être vraiment original dans le développement de la société de demain. Une société hyperconnectée, surveillée en permanence, où l'IA a pris le contrôle de l'humanité, reléguant les Hommes à des pions, quasiment à des personnages non joueurs qui ne sont que spectateurs de leur vie et surtout de celle des autres. C'est aussi la société de (sur)consommation qui est dénoncée, où la publicité est partout, tout le temps, et où le "click" est obligatoire... Rien de vraiment nouveau.

Comme dans Alfie, c'est la dimension thriller qui apporte un souffle au récit. Même si on n'atteint pas le niveau du premier volet de la trilogie, Christopher Bouix arrive une nouvelle fois à instiller le doute et à nous faire réfléchir sur la vérité et la réalité. Il prend un malin plaisir à multiplier les fausses pistes et les faux-semblants pour nous embrouiller et nous perdre, nous donnant presque envie de participer à ce simulacre de justice et d'appuyer sur le bouton coupable (ou innocent !).

Le mensonge suffit de Christopher Bouix est donc une critique acerbe de nos sociétés de consommation hyperconnectées, de notre dépendance aux IA et de notre dévouement à celles-ci. Satirique, drôle, intelligent, ce troisième volet (qui a des airs de la trilogie Trademark de Jean Baret) est au final plutôt réussi.


Les avis d'Epaule d'Orion, du Nocher des Livres, de Bouddica, de Gromovar, d'EmOtions


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