Bonheur et Algorithmes
Après Alfie, un roman autour des objets connectés, Christopher Bouix continue l'exploration de notre relation aux Intelligences Artificielles avec Tout est sous contrôle. Il délaisse notre quotidien pour se projeter soixante ans dans le futur en 2084, où la vie est régulée par un indice de bonheur personnel. Celui-ci est ajusté en fonction des faits et gestes de chacun et de leurs publications sur les réseaux sociaux. Exposer son bonheur rend heureux... en théorie, mais en pratique, le bonheur algorithmique permet-il de l'être ?
A l'instar de son précédent roman, Tout est sous contrôle se divise en deux parties distinctes mais inséparables. Tout d'abord la construction d'un univers dystopique auquel s'ajoute, dans un second temps, une intrigue policière démontrant, entre autres, les failles du système.
Christopher Bouix projette son intrigue en 2084 (un clin d'oeil facile et assumé par l'auteur comme il le dit sur Emotions, blog littéraire) mais ne pousse pas les curseurs assez loin : quelques avancées technologiques sont évidement de la science-fiction et le seront encore dans soixante ans mais la majorité de l'univers décrit pourrait être celui de demain. Tout comme Laurent Gaudé dans Chien 51, Christopher Bouix ne surprendra pas le lectorat science-fictif, accumulant les tropes des romans dystopiques sans jamais réellement développer ses idées. Voilà pour le point négatif.
Tout est sous contrôle est un roman choral où une petite dizaine de personnages (parfois à la limite de la caricature) sont partagés entre le besoin des algorithmes pour vivre et l'envie de s'en débarrasser pour être libres. Cette ambivalence schizophrénique donne tout son pouvoir quand il s'agit des rapports humains édictés par l'intelligence artificielle et non plus par la spontanéité naturelle. L'auteur s'en sort plutôt bien, évitant le manichéisme primaire entre les technophiles et les technophobes.
L'intérêt véritable du roman se trouve cependant dans la seconde partie quand l'intrigue se met en place, que les faux semblants s'enchainent et que les fausses pistes se multiplient. Christopher Bouix joue avec son univers pour démontrer aussi bien les failles d'un système totalitaire que celles des Hommes. Grâce à sa plume légère, ironique et mordante, l'auteur nous promène jusqu'à la révélation finale croquignolesque, tout en dénonçant les dérives de l'invasion des algorithmes dans notre vie quotidienne.
Pour conclure, Tout est sous contrôle, malgré un début poussif et un univers bien trop classique pour le lectorat imaginaire, reste un bon divertissement pour le lectorat mainstream qui s'amusera de cette quête artificielle du bonheur et s'interrogera sur nos relations aux algorithmes.
D'autres avis chez Les pipelettes,
Je l’ai vu passer celui-là et je me suis dit « tiens, pourquoi pas ? » sans enthousiasme non plus débordant; j’avais bien aimé Alfie mais je l’avais trouvé trop gentil, et pas assez approfondi. Bien pensé et divertissant mais, mais.
RépondreSupprimerBon. Je note celui-ci mais clairement je ne vais pas me ruer dessus.
J'avais trouvé Alfie très original et très bien amené, celui-ci et en deçà. ;-)
SupprimerJ'ai beaucoup le côté très ironique du récit pour ma part :)
RépondreSupprimerC'était Zina :)
SupprimerC'est assez mordant en effet mais il m'a manqué quelque chose.
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