Un cruel manque de crédibilité
Ces derniers mois (pour ne pas dire années) les livres de SF pure et dure se font de plus en plus rares sur les étals des librairies alors que dans le même temps la littérature dite blanche vient s'encanailler, avec plus ou moins de réussite et de succès (les deux n'étant pas toujours liés), du côté des mauvais genres. Les dystopies sont monnaie courante depuis quelque temps déjà, l'Intelligence Artificielle devient le sujet à la mode, quand d'autres s'orientent vers des récits de Fantasy... Stéphanie Janicot, elle, a choisi l'un des thèmes les plus classiques et probablement le plus "casse-gueule" de la SF : le voyage dans le temps. Un genre épuisé depuis la nuit des temps où il est difficile d'être original, un genre qui demande beaucoup de rigueur pour se sortir du piège que le temps nous tend.
Avec Les Maitres du Temps, Stéphanie Janicot s'intéresse au Temps sous toutes ses formes : historique, littéraire, psychologique, philosophique, physique et science-fictionnelle. A travers trois trames narratives, passé, présent et futur, l'autrice nous interroge sur le temps. Londres à la fin du XVIIe siècle, Nikola, une jeune fille précoce et déterminée devient l'assistante d'Isaac Newton. De nos jours à Paris, Sam termine sa thèse sur le Passage du temps dans la narration romanesque à travers l'œuvre de Johan Stern qui réécrit sans cesse le même roman, en mémoire de son père disparu en mer, et son mari Ben, spécialiste de la théorie des cordes, participe à une expérience de physique quantique. Et dans un futur éloigné... Evidemment, au fil du récit tout va se lier, les personnages et les histoires vont s'imbriquer pour former un ensemble "cohérent" et apporter une grande réflexion sur le Temps.
La mise en place est prometteuse, les premiers chapitres sont intrigants, agréables à lire et très addictifs mais malheureusement l'arrivée de Nikola dans le XXIe siècle fait assez vite retomber le soufflet. En effet un manque cruel de crédibilité ne peut nous empêcher de lever les yeux au ciel. Ce n'est pas le voyage temporel qui est en cause (il est intégré au processus imaginatif), le fait que celui-ci se fasse au "bon endroit", au "bon moment" commence déjà à titiller (mais pourquoi pas, les Maitres du Temps ont ce pouvoir) mais qu'une jeune fille anglaise du XVIIe s'intègre parfaitement dans le Paris du XXIe allant jusqu'à rapidement surfer sur le net va au-delà de l'entendement ! Le scientifique qui sommeille dans le lecteur perd pied rapidement d'autant plus que la suite du roman question vraisemblance est dans la même veine. Bien entendu Les Maitres du Temps n'est pas un roman scientifique mais plutôt un conte ou une fable philosophique autour du temps qui passe et à propos du monde qui nous entoure. C'est un roman qui multiplie les références, les idées et les interrogations autour d'un sujet qui nous concerne tous mais dont le traitement ne plaira qu'à certains.
Les avis de : Playlistsociety
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