Bifrost 117 - Harlan Ellison

 

Le numéro 117 de Bifrost est consacré à l'auteur américain Harlan Ellison, un auteur atypique que beaucoup découvriront ici grâce à l'excellent dossier qui lui est dédié et en particulier par la longue biographie de l'auteur signée Laurent Queyssi.

Bifrost c'est bien entendu des nouvelles, et cet opus nous permet de lire un texte multiprimé de Harlan Ellison, de découvrir Suzanne Palmer dont un recueil est en préparation chez les Quarante-Deux, de retrouver Alastair Reynolds et Thomas Day. Mais c'est aussi un court cahier des critiques où la Science-Fiction que l'on aime est aux abonnés absents, un fait récurrent qui est bien loin de me, de nous réjouir ! On notera également plusieurs Anthologies dont celle des Utopiales 24 et une autre consacrée aux Robots (sujets en vogue !) parues chez ActuSF. Enfin une interview de Lionel Evrard permet de découvrir la petite structure éditoriale Flatland. Quant au Scientifiction, il est consacré aux drogues du désir et orchestré par le chimiste maison Fabrice Chemla.

  • Capsule d'urgence - Alastair Reynolds
Alastair Reynolds est en passe de devenir l'un des auteurs emblématiques du Bélial avec cinq nouvelles au sein de la revue Bifrost et plus récemment un dossier complet, deux novellas et deux romans dont l'exceptionnel Maison des Soleils.

Pour son sixième texte, l'auteur gallois nous plonge en pleine guerre du futur où les soldats, après avoir été blessés sur le champ de bataille, sont protégés au sein d'une capsule médicale dirigée par une IA afin de les guérir avant qu'ils ne soient rapatriés loin des zones de combats. Mais parfois, la situation exige de rester longtemps cloitré et l'humain blessé peut alors prendre les commandes du Robot pour s'extraire de par lui-même de la zone.

Alastair Reynolds joue sur la dualité Humain/Machine avec finesse, montrant les limites de l'une et l'autre ou plutôt s'interrogeant sur ce qui les différencie. Un texte sombre et poignant.

  • L'âge des tempêtes - Thomas Day
Thomas Day est l'auteur le plus publié depuis la création de la revue avec pas moins de vingt nouvelles. Plus présent dans les premières années, il se fait plus rare ces derniers temps mais il se murmure qu'un nouveau recueil de l'auteur devrait sortir au Bélial en 2026 ! En attendant dégustons son vingt-et-unième texte.

Dans un futur proche ressemblant à s'y méprendre au nôtre excepté que les différences entre les plus riches et les plus pauvres se sont accentuées en même temps que le dérèglement climatique, un sexothérapeute vient en aide à des personnes handicapées. Son dernier travail l'emmène dans une villa super sécurisée d'une famille nantie pour s'occuper d'une jeune autiste de vingt ans. Mais quand l'argent s'en mêle doit-on laisser tomber ses principes ? Un texte difficile et délicat qui laisse un goût amer...

  • Jeffty a cinq ans - Harlan Ellison
Ce texte qui a obtenu les prix Hugo et Nebula en 1977 est l'un des classiques de l'auteur voire un classique tout court.

Jeffty a aujourd'hui cinq ans et dans quelques années il aura encore et toujours cinq ans, le monde avance mais lui reste bloqué à cet âge. Une nouvelle sur le temps qui passe, pour contrer ceux et celles qui se retournent constamment sur le passé sans vivre le temps présent. Un texte qui ne m'a pas du tout parlé.

  • Joe 33% - Suzanne Palmer
Suzanne Palmer est une autrice complètement inconnue en France et Joe 33% est son premier texte à être traduit mais pas le dernier puisqu'un recueil intitulé La Vie secrète des Robots, regroupant treize de ses nouvelles, verra le jour le mois prochain dans la mythique collection Quarante-Deux. Cette sublime collection qui nous a fait (re)découvrir Greg Egan, Ken Liu, Rich Larson, Ray Nayler, Peter Watts ou Nancy Kress.

Joe un soldat volontaire mais "malchanceux" tombe souvent lors des combats. Heureusement la technologie permet de le "réparer" en lui octroyant des implants cybernétiques. C'est ainsi que son coude, sa rate, son appareil digestif ou son oreille... ne sont plus humains. Joe est même à 33% une "machine".

Sous un ton humoristique et très caustique Suzanne Palmer nous plonge dans les échanges entre les IA des différentes parties cybernétiques du soldat. Alors que Joe veut combattre, ses implants savent qu'un jour il ne reviendra pas.  Se met alors en place une "conspiration IA" pour éviter que Joe se fasse tuer. Après un début un peu obscur, le texte prend toute son ampleur pour un résultat très appréciable.


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