Poétique & Vertigineux
Chloé Chevalier est surtout connue pour ses romans de Fantasy parus aux Moutons Electriques. Elle a également officié en SF dans plusieurs anthologies mais sans que jamais ses écrits croisent mon chemin. C'est désormais chose faite avec Les Essaims, une novella de space-opera parue chez Robert Laffont.
Imaginez un système planétaire au fin fond de la galaxie, composé de plusieurs planètes et lunes dont trois d'entre elles sont habitables et habitées.
Imaginez un immense vaisseau, la Reine-Cathelle, qui essaime la vie humaine à travers l'espace, conduit par une seule personne au-delà de l'espace et du temps.
Imaginez que cette Reine s'arrête dans ce système planétaire pour recharger ses "batteries" ainsi que celles de Tenyka sa conductrice.
Imaginez que cette rencontre se fasse au moment même où les mondes habitables sont en conjonction et qu'un étrange balai spatial s'y déroule.
Imaginez que Tenyka descende sur l'un des mondes, à la fois par curiosité et par nécessité, et découvre des habitants accueillants mais vaquant à d'impérieux préparatifs.
Imaginez que la conductrice reparte sur sa Reine pour continuer son voyage...
Difficile à imaginer mais Chloé Chevalier l'a fait pour vous et l'a même très bien fait.
Commençons par les deux petites faiblesses du roman. Tout d'abord une immersion un peu délicate, les deux ou trois premiers chapitres sont un peu flous avant que l'ensemble s'éclaire rapidement, et ensuite un manque de développement de certains concepts autour de la Reine et de sa conductrice. Mais cela fait aussi la force du texte en se concentrant sur l'essentiel et ne se dispersant pas dans des considérations qui auraient pu nuire au récit.
Chloé Chevalier a une belle plume, sa prose est poétique, son phrasé est fluide et envoûtant. Elle dépeint ses personnages rapidement mais sans les bâcler et ses différents fils narratifs s'entrecroisent avec justesse. L'imbrication d'intermèdes entre les différents chapitres donne de la cohérence à ce lointain futur que l'on découvre petit à petit jusqu'à en saisir la portée globale.
A l'image d'Audrey Pleynet, dans un registre un peu différent, Chloé Chevalier nous montre que l'on peut écrire de belles histoires de Science-Fiction, originales, poétiques, mélancoliques, émouvantes sans être larmoyantes, engagées sans être militantes avec une base scientifique solide et de la crédibilité. Avec Les Essaims, l'autrice nous offre un texte de toute beauté, une histoire où l'humanité est au coeur du sujet, un space-opera vertigineux, et un vent d'espoir...
Bon, ben, tu confirmes que j'aurais du tenter ma chance aux Utopiales. Ce sera pour une prochaine fois !
RépondreSupprimerIl est disponible ailleurs qu'aux Uto... ;-)
SupprimerEt ce serait dommage de se priver.
un étrange balai spatial, pour chasser la poussière :-) ?
RépondreSupprimerLa poussière d'étoiles évidemment. ;-)
SupprimerJe suis on ne plus content que tu aies toi aussi été charmé par cet ouvrage. Je suis d'accord avec toi : c'est une belle histoire.
RépondreSupprimerPlus que charmé, emballé. J'aime quand les autrices et auteurs français arrivent à se démarquer et nous livrer des histoires aussi intelligentes, passionnantes dans ce genre litteraire. C'est malheureusement trop rare à mon goût. ;-)
SupprimerParfait, ça me rassure de savoir que j'ai pas piétiné en dédicace puis 1h dans la queue de la caisse aux Utopiales avec ce texte pour rien 😂
RépondreSupprimerTu aurais eu le temps le lire pendant tout ce temps là !
SupprimerAh ça ne me disait rien du tout, je n’avais pas encore vu ce texte passer (suis un peu ailleurs moi ces derniers temps !).
RépondreSupprimerC’est très tentant.
Surtout ça : des histoires « émouvantes sans être larmoyantes, engagées sans être militantes avec une base scientifique solide et de la crédibilité ». Tu me l’as très bien vendu.
D’accord, je me le mets au programme de l’année qui arrive (que je te souhaite excellente au passage 🙂 !)
Merci, à toi aussi et surtout bonnes lectures, à commencer par celle-ci.
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