Explosion du quatrième mur
L'an dernier nous découvrions Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu'un, un roman surprenant de l'australien Benjamin Stevenson. Le titre en lui-même prêtait à sourire, la couverture attirait l'œil et le contenu en était digne. Entre parodie de romans à énigmes et hommage aux grands écrivains du genre, ce roman était d'une fraicheur revitalisante.
Cette année, l'auteur revient avec un nouvel opus, Tout le monde dans ce train est suspect, inspiré librement du célèbre roman d'Agatha Christie, Le Crime de l'Orient Express. Benjamin Stevenson reprend les ingrédients de son premier livre pour réaliser une recette identique mais il a la subtilité, dans sa première partie, de nous expliquer les difficultés pour un auteur de proposer à son lectorat un deuxième livre quand le premier s'est très bien vendu. Par conséquent Tout le monde dans ce train est suspect est à la fois un pastiche des romans à énigmes et une critique assez virulente du petit monde de l'édition où tous les acteurs sont passés sur le grill : auteur, maison d'édition, agent, lectorat...
Le pitch en quelques mots : Ernest Cunningham, notre narrateur, est invité à bord du Ghan, un train qui traverse l'Australie du Nord au Sud, pour un festival littéraire où seront présents, lui compris, six auteurs de romans policiers. A la fin du trajet, cinq seulement seront encore en vie. Et l’un d’eux aura des menottes aux poignets.
La marque de fabrique de Benjamin Stevenson est de casser le quatrième mur voire de l'exploser complètement. C'est surtout visible dans les premiers chapitres où il prend à partie son lectorat, lui expliquant ce qu'il va se passer dans l'histoire, allant jusqu'à mentionner combien de fois le nom du meurtrier sera écrit dans le livre et tenant régulièrement le décompte. Pour ce deuxième tome des aventures d'Ernest Cunnighman, l'effet de surprise n'est donc plus là, l'auteur reprenant les mécanismes et les facéties de son précédent roman mais il s'en sort relativement bien, arrivant à faire la même chose tout en étant légèrement différent. L'intrigue tient la route, les rebondissements et faux-semblants sont bien amenés, l'ensemble truffé d'humour et de cynisme pour au final nous servir une nouvelle aventure très sympathique.
La seule question qui se pose vraiment est de savoir si l'auteur va se consigner à ce genre de littérature ou s'il va nous proposer quelque chose de réellement différent pour la suite de sa production. Spoiler, un troisième tome des aventures d'Ernest Cunningham est déjà sorti en version originale. Reste à se demander si Benjamin Stevenson ne tirera pas trop sur la corde, quitte à lasser... rendez-vous l'an prochain.
Je ne sais pas combien de temps ça durera en étant aussi plaisant mais je suis ravi de vérifier que je vais passer un nouveau bon moment !
RépondreSupprimerIl faudra se renouveler ou alors vraiment changer d'univers à un moment ou à un autre
SupprimerIl va vraiment falloir que je lise cet auteur un jour, au moins les premiers volets !
RépondreSupprimerSi tu aimes le genre cela ne pourra que te plaire.
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