Lumineux
Il y a quelques semaines je pensais qu'[anatèm] de Neal Stephenson était le livre le plus difficile qu’il m’ait été donné de lire. Après avoir lu Trop semblable à l’éclair d’Ada Palmer, je suis obligé de revoir mon jugement. [anatèm] est à mon humble avis beaucoup plus abordable car c’est une transposition de notre histoire scientifique, philosophique et religieuse. Après une centaine de pages, l’univers décrit par Neal Stephenson devenait assez vite compréhensible. Pour le roman d'Ada Palmer, c'est plus compliqué...
Ada Palmer nous transporte dans un futur proche mais un futur qui n’a plus grand chose à voir avec notre monde. Elle nous jette son univers à la figure sans nous donner la moindre clé, bien au contraire elle y ajoute des portes qu’elle prend soin de verrouiller… ! Ce qui est à la fois très jouissif et très énervant. Il faut prendre son mal en patience. Après 300 pages (sur les 670 que compte ce premier roman !) rien n’est vraiment clair. Alors oui de temps en temps, il y a de la lumière, la porte s’entrebâille, c’est le moment d’en profiter mais cela ne dure vraiment pas longtemps…
Pourquoi est-ce si compliqué ?
Tout d’abord l’univers décrit est complètement novateur. Il faut oublier notre monde, sa conception politique, géographique, religieuse, tout cela a volé en éclat. Le concept de famille a lui aussi été remodelé. Ada Palmer se réfère au Siècle des Lumières, citant Voltaire, Diderot..., s’accaparant leurs idées et les transposant dans son récit.
Ensuite l’écriture et le style de l'autrice ne sont pas faciles à appréhender. Entre le narrateur qui apostrophe le lecteur et ce dernier qui lui répond et le questionne, les parties qui ne sont que dialogue avec le nom du personnage qui s'exprime au-dessus de la réplique ou encore ces quelques phrases en latin traduites au fur et à mesure, cela peut être pesant.
Sans oublier ces nombreux personnages qui déboulent assez vite dans le récit. Parfois difficiles à identifier et à mémoriser surtout que certains sont affublés de plusieurs noms selon qui parle d'eux !
Et en point d'orgue l'absence de genre, ce n'est pas le sexe qui détermine le féminin ou le masculin et l'on a le droit à des pronoms non genrés tout le long du texte ce qui ne facilite pas la compréhension. On ne pourra que féliciter la traductrice, Michelle Charrier pour son excellent travail.
Ensuite l’écriture et le style de l'autrice ne sont pas faciles à appréhender. Entre le narrateur qui apostrophe le lecteur et ce dernier qui lui répond et le questionne, les parties qui ne sont que dialogue avec le nom du personnage qui s'exprime au-dessus de la réplique ou encore ces quelques phrases en latin traduites au fur et à mesure, cela peut être pesant.
Sans oublier ces nombreux personnages qui déboulent assez vite dans le récit. Parfois difficiles à identifier et à mémoriser surtout que certains sont affublés de plusieurs noms selon qui parle d'eux !
Et en point d'orgue l'absence de genre, ce n'est pas le sexe qui détermine le féminin ou le masculin et l'on a le droit à des pronoms non genrés tout le long du texte ce qui ne facilite pas la compréhension. On ne pourra que féliciter la traductrice, Michelle Charrier pour son excellent travail.
Mais pourquoi c’est si prenant ?
Tout simplement parce que c'est différent, ambitieux et d'une richesse extraordinaire !
Mais c'est avant tout pour la découverte des Ruches, "conglomérats" que l'on pourrait réduire à l'expression "Qui se ressemble s'assemble". La fin de l'Etat-Nation au profit de communautés aux philosophies très différentes. Chaque Ruche a son mode de vie, ses us et coutumes et ses restrictions.
Et c'est surtout grâce à Mycroft, le narrateur, qui nous promène tout le long du roman. Il nous relate les faits qu'il a vécus mais à sa façon, il ne nous dit pas tout et même nous ment effrontément et nous le fait savoir. Il nous raconte également des épisodes de la vie d'autres protagonistes où il n'était pas présent mais qu'on lui a raconté à moins qu'il n'ait tout imaginé ou du moins transformé pour que le récit aille dans son sens. Bref il se joue de nous et c'est assez jouissif.
Quelques mots sur l'histoire.
Nous sommes en 2454, dans un monde rêvé, où tout semble aller pour le mieux. Une véritable utopie que rien ne semble pouvoir ébranler. Mais voilà, les pouvoirs quasi-divins d'un jeune garçonnet et le vol de la liste des Sept-Dix (comprendre les dix principaux influenceurs du moment) avant sa parution va mettre à mal ce bel équilibre. Et c'est donc Mycroft Canner, un Servant banni de la société mais qui a aussi ses entrées chez les plus grands de ce monde qui va nous guider dans cet univers au bord de l'explosion.
Trop semblable à l'éclair est donc un roman surprenant à plus d'un titre et il ne pourra pas plaire à tout le monde. Ce roman long et complexe est très exigeant et il faut accepter de ne pas tout comprendre (bien connaître le Siècle des Lumières et les philosophies de l'époque doit apporter un indéniable plus dans la compréhension globale).
Et dire que ce n'est que le premier opus de la série. Le second tome arrive au mois de mars prochain. C'est avec appréhension et curiosité que je lirai Sept Redditions en espérant y trouver quelques réponses.
Une multitude d'avis : CélinDanaé, Feyd Rautha, Uranie, Tigger Lilly, Le Chroniqueur, Vert
Mais c'est avant tout pour la découverte des Ruches, "conglomérats" que l'on pourrait réduire à l'expression "Qui se ressemble s'assemble". La fin de l'Etat-Nation au profit de communautés aux philosophies très différentes. Chaque Ruche a son mode de vie, ses us et coutumes et ses restrictions.
Et c'est surtout grâce à Mycroft, le narrateur, qui nous promène tout le long du roman. Il nous relate les faits qu'il a vécus mais à sa façon, il ne nous dit pas tout et même nous ment effrontément et nous le fait savoir. Il nous raconte également des épisodes de la vie d'autres protagonistes où il n'était pas présent mais qu'on lui a raconté à moins qu'il n'ait tout imaginé ou du moins transformé pour que le récit aille dans son sens. Bref il se joue de nous et c'est assez jouissif.
Quelques mots sur l'histoire.
Nous sommes en 2454, dans un monde rêvé, où tout semble aller pour le mieux. Une véritable utopie que rien ne semble pouvoir ébranler. Mais voilà, les pouvoirs quasi-divins d'un jeune garçonnet et le vol de la liste des Sept-Dix (comprendre les dix principaux influenceurs du moment) avant sa parution va mettre à mal ce bel équilibre. Et c'est donc Mycroft Canner, un Servant banni de la société mais qui a aussi ses entrées chez les plus grands de ce monde qui va nous guider dans cet univers au bord de l'explosion.
Trop semblable à l'éclair est donc un roman surprenant à plus d'un titre et il ne pourra pas plaire à tout le monde. Ce roman long et complexe est très exigeant et il faut accepter de ne pas tout comprendre (bien connaître le Siècle des Lumières et les philosophies de l'époque doit apporter un indéniable plus dans la compréhension globale).
Et dire que ce n'est que le premier opus de la série. Le second tome arrive au mois de mars prochain. C'est avec appréhension et curiosité que je lirai Sept Redditions en espérant y trouver quelques réponses.
Une multitude d'avis : CélinDanaé, Feyd Rautha, Uranie, Tigger Lilly, Le Chroniqueur, Vert
C'est surtout le "Siècle des Lumières et les philosophies de l'époque" qui me font un peu peur. Mais bon, qui ne tente rien...
RépondreSupprimerMais faudrait pas trop que je tarde à le lire si je mets autant de temps que toi pour le lire.
Environ un chapitre par jour et pas tous les jours !
SupprimerPar contre je préconise de ne pas s’arrêter en cours de chapitre... la reprise peut être laborieuse ;-)
Toujours à un peu plus de la moitié ici 😁
RépondreSupprimerTu as définitivement abandonné Mycroft !?
SupprimerSincèrement... je le finirai si je suis obligée. Ce qui risque d'arriver mais bon !
SupprimerTu penses qu'il va finir dans une certaine liste... mais je ne la dévoilerai pas aujourd'hui !
SupprimerVoilà voilà
Supprimerbon ben, je vais déjà lire Anatem à l'occasion, et pour celui là je vais attendre un peu, le concept des ruches parait intéressant, par contre le reste me rebute un peu, je pense aussi qu'il faut être totalement disponible cérébralement !
RépondreSupprimerà suivre, voir si le tome 2 sera plus accessible.
Bonnes lectures.
SupprimerJe ne suis pas sur que le tome 2 soit très différent du premier...
Ah non mais lis Anatem, direct ! (Audiolis le même !)
SupprimerOui [anatèm] est génial !
SupprimerJe vais suivre vos avis, j’ai jamais été déçu à ce jour !
SupprimerLe tome 2 de Terra Ignota est dans la droite lignée du premier, mais a l'insigne avantage de fournir des réponses aux questions posées dans le tome 1. Le tome 3 continuera de développer ce monde de 2454 et explicitera aussi pourquoi Mycroft a écrit cette chronique.
SupprimerQuant à [anatèm], on plussoie, c'est excellent !
Merci Erwannn pour les précisions...
Supprimer@gepe, nous avons très bons goûts en effet ! :-p
SupprimerJ'ai craqué après une petite centaine de pages, avec le sentiment de n'avoir rien - mais alors rien de rien - compris !
RépondreSupprimerJe ne suis pas sur d'en avoir beaucoup plus compris après 700 pages ! lol
SupprimerTa chronique ne me rassure pas du tout ! Je l'ai eu entre les mains et j'ai commencé à lire les premières pages (à peine le début avec la présentation, etc.). Le style se veut "à l'ancienne" mais je me disais que ça pourrait passer. Je n'ai pas assez avancé pour voir la difficulté que tu évoques. Du coup, vu la taille du bouquin, je me tate... En plus cela a l'air vraiment bien et intéressant mais ça me ferait mal de lâcher ce roman en plein milieu (sans compter qu'il y a au moins un tome 2 si je ne m'abuse ?)... Bon je verrais à l'avancer un peu à la médiathèque voir si je suis pris ou pas, avant de me plonger sérieusement dedans le cas échéant. Merci de ta chronique qui m'a éclercie sur ce "phénomène à ne pas manquer".
RépondreSupprimerIl y aura 4 tomes le second sort en mars prochain et donnera quelques réponses (cf post d'Erwannn ci-dessus !)
SupprimerBon faut que je le lise et que j’arrête de lire les chroniques dessus... sinon je ne m’y mettrais jamais. Bon vu le temps que tu as mis pour le lire, j’en ai pour un moment 😅
RépondreSupprimerC'est la première fois que ca m'arrive. Généralement j'abandonne assez vite quand je n'avance pas mais là je voulais savoir, comprendre. Et au final, je ne sais pas trop et pour la compréhension... lol
SupprimerC'est effrayant et tentant tout à la fois. Me connaissant, je le tenterai sûrement... à un moment de la décennie.
RépondreSupprimerDu coup pour te changer les idées avec une lecture simple et légère, maintenant tu lis "Diaspora" ? =P
Ou Les nuages de Magellan en Hard SF...
Supprimer@Baroona : Pour Diaspora, je vais attendre encore un peu... ;-)
Supprimer@Le Chien : je te sens taquin sur ce coup là. :)
Quelle persévérance ! J'avoue que le tome 2 a grave la pression. Je l'attends de pied ferme.
RépondreSupprimerCa m’étonne moi même... mais je ne lirais pas tout de suite le tome 2 ! :)
SupprimerIntriguée, mais son côté difficile, déjà évoqué chez d'autres, là j'avoue, me fatigue d'avance :/
RépondreSupprimerCe n'est pas une lecture paisible mais cela vaut le déplacement !
SupprimerIl est des notres ! Il a fini son Ada Palmer comme les autres ! :D
RépondreSupprimerDu coup tu me rassures pour Anatem là. Mais sinon je suis très contente que tu en sois venue à bout. Effectivement c'est difficile mais tellement intéressant. C'est quand même le premier bouquin à m'avoir donné envie de m'intéresser au siècle des Lumières (l'époque dont on sature et dont on espère ne plus jamais entendre parler après le lycée xD)
Voilà il te reste à lire [anatèm] ! :)
SupprimerCe n'est pas très rassurant tout de même cette affaire xD Jz crois bien que je vais attendre encore un peu, en fait.
RépondreSupprimerCe n'est qu'un ressenti parmi tant d'autres... ;-)
SupprimerJe ne pense pas être d'attaque pour ce genre de SF mais comme l'amoureux l'a acheté, d'ici quelques années j'aurai peut-être la possibilité de m'y frotter ^^
RépondreSupprimerL'ayant sous la main autant en profiter... ;-)
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