L'absurdité des hommes
Après le très surprenant Walter Kurtz était à pied et le magnifique Tous les Hommes... Emmanuel Brault revient chez le Label Mu avec Un Monde plus-que-parfait, un très court roman, une fois de plus, inclassable.
Les premières pages nous promettent un récit de Science-Fiction quand Alfred tombe par hasard sur une petite annonce lui donnant l'occasion de quitter la Terre et de s'envoler vers Pandore. L'occasion pour notre héros de délaisser son morne quotidien. Mais avant d'embarquer il doit s'acquitter d'une "tâche", condition sine qua none pour pouvoir partir vers ce monde supposé meilleur. Mais est-il prêt à tout pour atteindre ce potentiel bonheur ? S'ensuit une longue réflexion qui nous permettra de découvrir également la réalité du monde où Alfred vit et son besoin irrépressible de le quitter. Un monde simplifié où l'emploi d'un vocabulaire riche est proscrit, où seul l'indicatif présent est autorisé. Un monde où il est interdit de lire, de rêver, et où seuls les écrans et leurs émissions abêtissantes sont salutaires. Bienvenue en dystopie.
Derrière une écriture féroce, Emmanuel Brault nous délivre une nouvelle fois une critique de nos sociétés actuelles où l'uniformisation de la pensée devient une réalité, où le désintérêt culturel est renforcé par un abêtissement généralisé via les écrans. Défenseur de notre langue, il multiplie les références littéraires en montrant l'appauvrissement grandissant de notre vocabulaire et la disparition de toute une partie de notre conjugaison. A travers cette déliquescence, l'auteur parle aussi et surtout de la famille, du fossé générationnel et de notre incompréhension mutuelle liée au manque de dialogue. Cependant il tombe parfois dans l'excès, par snobisme ou supériorité intellectuelle, créant les murs qu'il voudrait détruire... à moins que cela soit voulu montrant ainsi l'absurdité des hommes.
Un Monde plus-que-parfait est un texte d'une grande richesse où derrière le cynisme et l'humour se cache une grande tendresse et derrière l'absurde un cri de révolte mais c'est aussi un récit autour de notre langue. Cette langue vivante faite pour progresser et pour rêver dont l'oubli nous fait régresser et perdre une partie de notre humanité.
Chez Le Nocher des Livres
Ça a l'air d'avoir à la fois des thématiques assez "habituelles" et en même temps un quelque chose de tout à fait unique. J'ai presque envie de dire : du Emmanuel Brault quoi.
RépondreSupprimerOriginal et inclassable... joliment absurde même si j'ai moins accroché à celui-ci.
SupprimerMême si tu l'as moins aimé que les autres, on voit bien que tu l'as apprécié. Nous nous rejoignons là-dessus. Et, comme je te l'ai dit ailleurs, je vais aller voir le reste de l’œuvre d'Emmanuel Brault.
RépondreSupprimerC'est un auteur original et dérangeant qui dénote un peu de la production française et ca fait du bien !
SupprimerA tester pour moi, ça me semble plutôt intéressant, et il est temps pour moi de découvrir l'auteur !
RépondreSupprimerC'est un auteur à part dans le monde de l'imaginaire francophone, il dénote par son côté parfois absurde mais si proche de la réalité. Moi j'aime bien même si ce dernier roman n'a pas ma préférence.
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