Deux cadres pour une seule et même histoire
Pour la quarante-septième novella de sa collection Une-Heure-Lumière, le Bélial nous propose une nouvelle fois, un texte auréolé d'un prix. La Peste du Léopard Vert a en effet obtenu le prix Nebula en 2004. Son auteur, Walter Jon Williams, n'est pas l'écrivain américain le plus traduit, ni le plus connu (les deux allant probablement de pair !) par chez nous. On retiendra surtout Câblé l'un des romans emblématiques du mouvement cyberpunk.
Avec La Peste du Léopard Vert, Walter Jon Williams nous entraine dans un futur lointain et utopique où les ressources sont inépuisables et les individus libres, quasiment immortels grâce au transfert de conscience dans n'importe quel "corps". C'est ainsi que l'on découvre Michelle un singe devenu sirène qui vit dans son chapelet d'îles. Ses deux occupations principales outre pêcher et faire du "commerce" avec ses voisins : échapper à son ancien amant et faire des recherches bibliographiques sur Terzian, un philosophe célèbre à l'origine de la théorie de la Corne d'Abondance qui a vécu dans son lointain passé (et qui pourrait être notre présent ou notre futur proche !)
Michelle est une sorte de paléontologue du futur qui recherche les traces qu'auraient laissé ses ancêtres dans les archives numériques : photos, vidéos, publications sur les réseaux... (on pourra noter que l'auteur est visionnaire, avec vingt ans d'avance il pointait notre dépendance à internet et l'exploitation qui pourrait en être faite !) et ainsi retracer des moments de vie.
L'auteur navigue entre les deux époques en gardant un seul fil narratif, passant du monde utopique posthumaniste de Michelle au récit d'espionnage quand il s'agit de la vie de Terzian. Ce mélange des genres est captivant d'autant plus qu'au fur et à mesure l'auteur nous démontre que ces deux univers si différents, si lointains, sont intimement liés et qu'ils découlent l'un de l'autre mais que la transition a été difficile et peut poser nombre de questions éthiques, politiques et philosophiques.
La Peste du Léopard Vert est la rencontre de deux univers unis par leur filiation où deux récits s'entremêlent parfaitement, l'un répondant à l'autre, pour suivre une seule et même histoire, celle de l'humanité. Intelligent, sobre et efficace, Jon Walter Williams n'en est pas moins cynique voire désabusé.
Ce court texte est beaucoup plus dense que mon billet pourrait le laisser croire, il est difficile d'en parler sans déflorer l'essence, les subtilités et les ressorts du récit, mais pour conclure en un mot cette novella est Incontournable !
"cette novella est Incontournable" : ah oui, à ce point, les grands mots sont sortis !
RépondreSupprimerLe questionnement qui en découle est intelligent et nous met face à nos contradictions. C'est du grand art !
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