Anarchy in the U.S.E - John King

Plus que du cynisme

John King, un auteur britannique atypique, a pour thèmes de prédilection, le football, le hooliganisme ou encore la culture punk. Auteur populiste pour certains, populaire pour d'autres, il met souvent en scène les milieux ouvriers, les classes laborieuses. Dans son dernier roman traduit en France, Anarchy in the U.S.E, publié Au Diable Vauvert, il réécrit l'histoire pour faire de l'Europe un pays unique. Les nations en tant que telles n'existent plus, l'United State of Europe est née : un territoire, une monnaie, une idéologie.

Rupert Ronsberger est un Crate plein d'avenir à l'ambition démesurée qui rêve de devenir Contrôleur et bien plus. Endoctriné depuis son plus jeune âge par l'idéologie de l'U.S.E, incapable d'entendre la moindre critique ou de remettre en cause le discours officiel, il est l'archétype du fanatique. Il fait partie de ces Bons Euros. Horace Starski, son supérieur, dirige le monde depuis sa tour, il connait les rouages du système, ses vérités, ses mensonges et s'en accorde très bien. Mais comme dans tout système idéal, des poches de résistance persistent ici et là, à l'instar de certains coins d'Angleterre où le sentiment de "britannicité" est toujours fort. 

John King reprend les codes de la dystopie traditionnelle, surveillance constante, propagande permanente, révision de l'histoire, citoyens bridés, mais y intègre un cynisme grinçant. Il tape fort, très fort. C'est noir, c'est sombre, c'est révoltant. Les Bons Euros mangent de la viande, beaucoup de viande et la torture animale est devenue une distraction. La prostitution est institutionnalisée quand la pédophilie sans être encouragée est tolérée. L'accès à la culture est contrôlé, les livres papiers sont interdits, seuls les fichiers numériques (modifiables par l'autorité) sont consultables... L'auteur étrille les politiques corrompus et les bureaucrates pervertis par le système, dénonce  l'infantilisation des citoyens et l'uniformisation de la pensée. 

Avec Anarchy in the U.S.E, John King dessine un monde désenchanté, où la réflexion individuelle n'existe plus, où l'endoctrinement de masse a atteint son paroxysme et où l'individualisme règne. Bienvenue dans l'ultralibéralisme sous surveillance continue.




Commentaires

  1. Sur une échelle de Jean Baret, on se situe où ?

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    1. Jean = John ! Mais Baret reste le King.

      Baret est plus science-fictif, King est "plus proche" de notre quotidien.

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  2. Personnellement j'ai adoré ! Et j'ai trouvé que c'était plus digeste à lire que Baret, qui est trop glauque pour moi 🤗

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    1. C'est aussi une belle découverte mais je préfère Jean Baret pour ma part ;-)

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