Dans la lignée de Greg Egan
Il y a un peu plus d'un an et demi, sortait au Bélial dans la collection Quarante-Deux, le recueil d'un auteur "inconnu" en France : Rich Larson. Né au Niger, il a vécu aux Etats-Unis, au Canada, en Espagne avant de s'établir à Prague. En une dizaine d'années il a publié un roman et plus de deux cents nouvelles. Ce jeune auteur (d'à peine trente ans), très prolifique, est considéré comme le nouveau prodige de la Science-Fiction anglo-saxone. On le compare souvent à Greg Egan dont il serait le digne héritier mais également à Ken Liu ou à Peter Watts (tous publiés dans cette même collection).
La Fabrique des Lendemains, le recueil dont il est question aujourd'hui, regroupe vingt-huit textes de l'auteur, des récits relativement courts, qui dépassent rarement la trentaine de pages et qui pour certains ne comprennent que deux ou trois feuillets.
Rich Larson est un pur auteur de Science Fiction, probablement un peu moins Hard-SF que Greg Egan. Il est le digne héritier du cyberpunk, nombre de ses récits sont ancrés dans un futur proche où la technologie omniprésente malmène les hommes. Transhumanisme et posthumanisme sont au cœur de la majorité des nouvelles du recueil, les Intelligences Artificielles ne sont jamais loin, avec souvent en trame de fond le post-apocalyptique. Ces textes sont très accessibles, malgré un verbiage technologique parfois abscons (encore une fois un grand bravo à Pierre-Paul Durastanti pour la traduction fluide et agréable !) mais l'écriture visuelle de l'auteur permet de s'immerger dans ce futur pas si éloigné du nôtre.
Entre ces textes très technologiques s'insèrent quelques pastiches d'humour, des textes complétement décalés comme Tu peux surveiller mes affaires ou En cas de désastre. L'auteur fait aussi preuve de beaucoup de poésie, c'est en cela qu'il se rapproche de Ken Liu avec comme par exemple Rentrer par tes propres moyens une nouvelle humaniste et mélancolique ou Il y avait des oliviers, un récit d'apprentissage post-apocalyptique de toute beauté.
Sur les vingt-huit textes sélectionnés, un petit tiers ne m'a pas convaincu soit je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir, soit je suis complétement passé à côté. Les autres textes sont à minima très bons, voire excellents. Je citerai Circuits où une IA fait preuve de solitude, De viande, de sel et d'étincelles, quand une chimpanzé a subi une augmentation de son intelligence se retrouve isolée de son espèce : bouleversant. Six mois d'océan traite de la dépossession (par location) de son corps et la récupération de celui-ci après l'usage qui en a été fait par un.e autre. Sans être novateur, ce récit est assez dérangeant. En règle générale, l'auteur est plus percutant dès qu'il y a des implants neur(on)aux et des transferts de personnalités, il fait mouche à chaque texte, maîtrisant son sujet et diversifiant les réflexions.
Pour conclure, La Fabrique des Lendemains permet de découvrir Rich Larson, un jeune auteur talentueux qui nous dépeint un avenir sombre où même les IA peuvent s'ennuyer, où les technologies sont omniprésentes pour le meilleur mais souvent pour le pire et où le concept d'humanité prend un sens bien différent.
Un concert de louanges chez les blogopotes : Gromovar, Apophis, Epaule Orion, Vert, Ombres Bones, Soleil Vert, le Chroniqueur
Il est dans ma P.A.L. depuis un moment : cela me donne envie de l'y repêcher. Merci pour le coup de pouce.
RépondreSupprimerJe l'avais acheté à sa sortie, il trainait dans ma liseuse depuis.
SupprimerLe grand nombre de textes permet de picorer sur le long terme aussi. ;-)
C'est a priori une de mes prochaines lectures ;)
RépondreSupprimerCurieux d'avoir ton retour. Mais tu vas adorer certains textes, c'est obligé ! :)
SupprimerIntéressant ! A lire à l'occasion.
RépondreSupprimerSi tu aimes le genre, c'est une lecture plus que raisonnable.
SupprimerUn chouette recueil, on ne peut pas tout aimer dedans comme souvent mais globalement l'impression est très positive, j'espère qu'on aura d'autres livres de cet auteur à lire en français.
RépondreSupprimerIl y s dejs don roman à l'automne toujours au Bélial.
SupprimerEt je pense qu'on aura un autre recueil...