La maison des derviches - Ian McDonald

Magnifique Istanbul

La maison des derviches de Ian McDonald fait partie de ces romans exigeants qui effraient, qui agacent mais qui au final se révèlent somptueux. Il m'aura fallu deux tentatives pour venir à bout de ces histoires au sein de la cité merveilleuse d'Istanbul. Il ne faut pas se tromper, La maison des derviches est une plongée au cœur de la Porte Sublime à travers six personnes n'ayant à priori qu'un seul point commun, celui de vivre dans le même quartier d'Adem Dede. Mais l'élément central du récit n'est rien d'autre que la cité vivante d'Istanbul. Dépaysement et immersion garantis !

2027, la Turquie a fait son entrée dans l'Europe. Les Israéliens ont bombardé les sites nucléaires iraniens entraînant une grave crise du pétrole et du gaz. Le réchauffement climatique est désormais une réalité étouffante. Technologiquement un palier a été passé avec l’avènement des nanotechnologies.

En un peu plus de 500 pages, Ian McDonald nous narre l'histoire de la Turquie d'hier et de demain. Cinq jours dans la vie de six stambouliotes.  Necdet qui assiste à un attentat dans le tram et se met à voir des Djinns. Can Durukan, un enfant de 9 ans, gravement malade qui utilise ses "bitbots" pour se balader et surveiller la ville. Georgios Ferentinou ancien économiste grec de 68 ans, qui va se plonger dans son passé. Adnan Sarioglu, un trader spécialisé dans le gaz et le pétrole qui orchestre une arnaque hors-norme avec trois de ses amis. Sa femme Ayse, spécialiste dans l'art religieux, qui est à la recherche d'un Homme méllifié. Et enfin Leyla Gultasli qui se voit chargée du marketing dans une société de bio-ingénierie.

La maison des derviches est avant tout un immense melting-pot. High-tech, Histoire, Traditions et Religions se mélangent. Des nano-robots au mysticisme, l'auteur nous présente les multiples facettes d'Istanbul. Ian McDonald prend son temps pour nous présenter les personnages. Ils sont tous très différents, très détaillés et tous "vrais". A travers leur passé, leurs blessures et leur vision d'avenir, le roman prend corps petit à petit.

Le point fort du roman c'est Istanbul. On a l'impression d'y être, de sentir les odeurs des çayhanes, d'être assourdi par le vacarme ambiant... peu de romans sont aussi immersifs. Istanbul, mélange de contrastes entre modernité et traditions, où les croyances et la religion ont une place importante. L'Histoire de la Turquie y est également brossée et ce sans aucune concession. Au milieu de tout ça, la  nanotechnologie est à l'œuvre.

Les intrigues sont multiples, variées et très développées. Le récit semble parfois partir un peu dans tous les sens mais une trame se dessine doucement. Je concède que ces digressions peuvent être source d'ennui pour certains, là où d'autres y trouveront l'émerveillement. La lenteur et l’âpreté de la narration peuvent rebuter, toujours est-il que petit à petit les fils vont se dénouer, les vies s’entremêler et ce n'est que dans les dernières pages que tout va s’éclairer. Le tout porté par une plume exceptionnelle, dense et poétique.

Pour résumer, La maison des derviches est un roman exigeant, lent mais pas long, immersif et exceptionnellement documenté. Le lecteur qui aura la patience sera récompensé de sa ténacité.


Captivant pour BlackwolfMagistral pour Apophis, Le Lutin. a été hypnotisé. Indispensable pour Anudar. Excellent pour Soleil Vert. 4 ans après est-ce que Vert a digéré le roman ? Pour Le chien comment dire, le chien quoi...


Commentaires

  1. Complètement d'accord. J'en garde un excellent souvenir : exigeant certes - au démarrage surtout, une fois lancé ça coule - mais quelle immersion !

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    1. C'est tout à fait ça... je ne connais pas Istanbul mais j'ai l'impression d'y avoir été après avoir lu ce roman.

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  2. J'ai adoré ce livre et ta chronique reflète bien sa difficulté et son attrait, oui c'est lent mais pas long... enfin pour ceux qui sont patients.
    Tr!s belle critique (merci).

    (Oui, le chien, quoi!)

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    1. Merci. Ian McDonald est un auteur à part, il faudra que je réessaye Le fleuve des Dieux que j'avais abandonné à la moitié... mais je vais attendre encore un peu.

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  3. Nous sommes d'accord, c'est un roman magistral. Quelle que soit la culture abordée, McDonald a un talent fou pour y immerger son lecteur. Merci pour cette excellente critique !

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  4. Et bien, j'avais déjà entendu parler de ce roman de loin mais je n'avais jamais vraiment lu de chroniques dessus.

    Du coup maintenant j'ai envie de le prendre. Ça tome bien je suis à jour sur Luna, ça me fera une pause :p (en plus il existe en poche, top !)

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    1. Merci. Il faut essayer et il existe aussi en numérique, top !!!

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  5. Je l'avais lu avant de commencer mon blog et je l'avais vraiment apprécié pour l'immersion, aussi.

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    1. Je confirme, je vois tes commentaires. ;-)

      Immersif et passionnant.

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    2. Argh, le truc c'est que je dois me connecter sur mon compte Google depuis Firefox pour pouvoir te répondre, c'est super étrange, faudra que je vérifie tout ça !
      En tout cas, tu me donnes envie de relire La Maison des Derviches !

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    3. Je ne pourrai pas t'aider, je n'ai pas ce soucis.
      Et merci ;-)

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  6. Dans le chien critique, il y a critique...
    Je n'aime pas le style de l'auteur, mais Istanbul est magnifique

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  7. Yes très bon livre, à la limite du roman finalement l'aspect sf est soft

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    1. Pas tout à fait d'accord, en toile de fond les nanotechnologies, la bioingénierie est bien présente. Pour moi c'est un roman d'anticipation économique et technologique.

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  8. Réponses
    1. Il faut juste le lire dans de bonnes conditions. ;-)

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  9. McDonald et moi ça fait environ 180 904 ! Son univers ne me parle pas :/

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  10. J'avais eu un peu de mal avec ce livre. Heureusement j'ai lu La petite déesse l'année d'après pour me réconcilier avec l'auteur. Je serais presque tentée de réessayer celui-ci.

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    1. Il m'a fallu deux tentatives, la première fois j'avais abandonné au bout d'une centaine de pages... Alors peut être que pour toi aussi ca marchera ! ;-)

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  11. Oui je l'ai digéré :P
    Je garde le souvenir d'un texte ardu mais qui en vaut la peine (ce qui n'est pas le cas de tous les livres ardus). Et l'histoire de l'homme mellifié était vraiment fascinante...

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    1. Ce n'est pas le texte le plus facile mais ca fait du bien aussi...

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