Le Déluge - Stephen Markley

Déjà trop tard...

Découvert grâce à Ohio, Stephen Markley est de retour avec un nouveau roman : Le Déluge. Un véritable pavé de plus de mille pages qu'il nous balance en pleine face et ça fait mal... Dans son premier livre, l'auteur nous dépeignait une Amérique profonde aussi souvent décriée qu'oubliée où la colère et la haine sont les moteurs de générations abandonnées. Avec cette nouvelle œuvre, une fiction climatique, il nous projette dans notre probable futur : un funeste destin écologique, économique et politique, en suivant une dizaine de personnages depuis les années Obama jusqu'au milieu du XXIe siècle.

La lecture de ce roman évoque immanquablement l'excellent Ministère du Futur de Kim Stanley Robinson paru quelques mois plus tôt chez Bragelonne. Si les deux œuvres abordent des thématiques similaires, leur traitement diffère sensiblement. Markley adopte une approche plus romanesque, privilégiant le développement de personnages complexes et variés. À l'inverse Robinson, s'appuie sur une solide base scientifique, poussant l'exploration des détails techniques à l'extrême. Néanmoins, les deux auteurs partagent un constat alarmant : les causes et les conséquences du réchauffement climatique sont désormais bien établies et les solutions, bien que connues, semblent insuffisantes face à l'ampleur de la catastrophe qui se profile...

Revenons-en au roman de Markley, en commençant par les deux bémols. Tout d'abord, sa longueur, plus de mille pages, peut parfois être éprouvante. Certaines digressions alourdissent le récit et ralentissent le rythme notamment dans la seconde partie. Par ailleurs, bien que les catastrophes climatiques soient un phénomène mondial, le roman semble accorder une importance disproportionnée à la perspective américaine, au détriment d'une vision plus globale.

L'intérêt du Déluge réside dans sa dimension de fresque écologique. Stephen Markley explore le dérèglement climatique au fil du temps, démontrant que les enjeux sont connus depuis longtemps et que les solutions possibles se heurtent aux intérêts des lobbies industriels. Son récit prend alors une dimension politico-économique acerbe, dénonçant l'égoïsme, le déni et la lâcheté de nos gouvernants.

Tout comme dans son précédent roman, l'auteur excelle dans la création de personnages complexes et attachants, loin des stéréotypes habituels. Ses protagonistes, tiraillés entre leurs aspirations personnelles et leurs convictions, incarnent les contradictions de notre époque. En mettant en lumière l'influence néfaste de l'ignorance, de la colère et de la haine, Markley dresse un portrait critique des sociétés modernes, altérées par le populisme et l'obscurantisme.

Le Déluge est un texte salvateur et anxiogène. Il permet de prendre conscience de l'urgence climatique et des catastrophes qui nous menacent. Des solutions existent pour atténuer les effets du changement climatique, mais elles nécessitent des mesures radicales et impopulaires. Malheureusement, le populisme et le déni qui gangrènent nos sociétés constituent de sérieux obstacles, laissant peu d'espoir pour l'avenir.

Le Déluge est un témoignage de notre époque, un appel à agir avant qu'il ne soit trop tard.




Commentaires

  1. S'il faut choisir, tu as préféré lequel, "Le Ministère du futur" ou "Le Déluge" ?

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    1. Le Ministère du Futur qui est "plus" scientifique, on ne se refait pas ! ;-)

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  2. Je suis en train de le terminer. Je me retrouve totalement dans ton analyse.

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    1. J'attends avec impatience de voir les mots que tu vas poser dessus.

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  3. Le constat est terrible sur les conséquences du réchauffement climatique et l’inaction des pouvoirs. Je viens de voir les images tragiques des inondations dans le sud de l’Espagne.
    Je me dois de lire cet ouvrage.

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