Le Remplaçant - Iain Reid

Une dystopie surréaliste

Le Remplaçant, court roman du canadien Iain Reid, est paru aux Presses de la Cité dans la collection Sang d'Encre. Ne vous y trompez pas, il s'agit bien d'un roman de Science-Fiction. Une fois encore, nous avons là une dystopie cachée dans une collection polar et thriller. Mais rendons grâce à l'éditeur qui ose sur la quatrième de couverture parler de roman d'anticipation (le mot science-fiction est toujours banni de la littérature non genrée !) et de Philip K.Dick. Tout espoir n'est pas perdu !

Dans un futur plus ou moins proche, où le réchauffement climatique a encore pris de l'ampleur, l'Etat et des compagnies privées étudient la possibilité de déplacer une partie de la population sur un satellite artificiel, en espérant pouvoir un jour aller plus loin...  En attendant, le gouvernement permet à certaines personnes de "gagner" un premier voyage test. Et il est impossible de refuser cette chance. C'est dans ce contexte que Junior et Henrietta, vivant reclus et en autosuffisance, voient débarquer chez eux un émissaire pour leur annoncer la bonne nouvelle : Junior a été sélectionné. Au fur et à mesure de la discussion, ils apprennent que pendant l'absence de Junior, celui-ci sera remplacé par quelqu'un qui lui sera parfaitement identique. Henrietta pourra ainsi continuer à vivre "normalement".

Ce pitch s'avère surréaliste, l'histoire l'est tout autant et la construction du roman, elle, est assez déroutante. Dès le début, rien ne semble coller, tout parait vraiment étrange, improbable voire caricatural, et j'ai failli à plusieurs reprises abandonner ma lecture. Mais j'ai tenu bon, en partie parce que le roman ne fait que deux cent cinquante pages mais aussi par curiosité, je voulais savoir comment cela allait se terminer, où Iain Reid allait m'emmener. J'ai donc été happé par cette bizarrerie plutôt classique au final : les différents rebondissements sont très prévisibles et il n'y a rien de très surprenant.

Sur fond dystopique, Le Remplaçant est avant tout un thriller psychologique au suspense lent mais accrocheur, une histoire aussi étrange que surréaliste qui nous interroge sur l'humanité et l'identité. Une fois le livre terminé l'histoire m'a paru bien fade, sans grand intérêt et aujourd'hui (une quinzaine de jours plus tard) en écrivant ces quelques lignes, mon opinion a beaucoup changé, je n'avais pas pris toute la mesure du questionnement que nous apporte l'auteur. Cela n'en est pas pour autant un chef d'œuvre, mais une originalité et une curiosité qu'il serait peut-être intéressant de découvrir.


Just a Word a beaucoup apprécié.

Commentaires

  1. Intéressant, merci pour cette découverte.

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    1. Je serai curieux de ton retour. Je pense qu'il pourrait plus te parler...

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  2. Les bébêtes sur la couverture c'est rédhibitoire pour moi !

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    1. C'est un élément de l'histoire. A la fois léger et essentiel.
      Ne jamais juger un livre sur sa couverture

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  3. J'ai découvert ce livre peu de temps avant sa publication en France et je l'ai beaucoup aimé. Iain Raid a cette écriture très brève, directe, dénuée de tout embellissement, et cela colle toujours parfaitement à ses histoires. On sent tout de suite que quelque chose ne va pas, cette aberration qu'on ne saurait pas nommer et c'est ce qui pousse à vouloir découvrir la suite de l'histoire. J'ai trouvé que l'auteur amenait des réflexions très intéressantes, notamment sur la question d'identité, dans ce roman. L'aspect psychologique du roman est ce qui m'a vraiment plu. J'avais découvert un peu avant son premier roman, Je sens grandir ma peur (I'm thinking of ending things), que j'avais adoré. Dans celui-ci, pas de science-fiction, mais une vraie plongée dans la psychologie humaine très réussie !

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    1. Je n'ai peut-être pas lu ge livre au bon moment ou je m'attendais à autre chose.
      C'est dommage.

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