L'épidémie - Åsa Ericsdotter

 
Dérangeant !

L'épidémie d'Åsa Ericsdotter est un thriller de politique fiction ou un roman dystopique montrant les dérives totalitaires que peuvent prendre les pays démocratiques quand les pouvoirs en place perdent le sens des réalités. Publié chez Actes Sud, dans la collection Actes noirs, ce roman est très dérangeant. 

Avant de parler du roman, un petit aparté sur la quatrième de couverture. Encore une fois, Actes Sud fait très fort en mettant en avant dans son pitch un élément de l'intrigue arrivant à la moitié du roman. Même si cela ne change rien à la qualité du roman et au déroulé de la lecture, c'est toujours désagréable pour le lecteur.

Dans un futur proche, Johan Svärd est élu premier ministre sur une promesse de campagne : éradiquer l'obésité et faire de la Suède le pays le plus sain du monde. Avec son parti de la Santé, il lance de grands programmes pour que les suédois perdent du poids. A renfort de publicités, de taxes sur tous les aliments riches en sucres et graisse et d'incitation à la chirurgie bariatrique, il espère réduire drastiquement le nombre d'obèses dans son pays. Comme cela ne suffit pas, d'autres mécanismes sont présentés à la population : le sport devient obligatoire, une discrimination à l'emploi pour les sujets dont l'indice de masse grasse et masse musculaire dépasse un certain seuil...

L'histoire commence tout gentiment, pleine de bons sentiments on pourrait même dire de bon sens mais très vite on tombe dans l'horreur la plus abjecte. On passe du "Mangez-Bougez" pour être en forme à des solutions radicales sous l'aval des dirigeants avec l'assentiment du peuple... Dans toute la première moitié du roman, l'autrice nous décrit la descente aux enfers d'une partie de la population. C'est bluffant et perturbant. 

L'autrice joue sur le culte de l'image et sur l'apathie des citoyens qui lois après lois laissent dériver leur société. Les libertés individuelles disparaissent les unes après les autres sans qu'il y ait de véritables révoltes. Tout doucement le totalitarisme absolu est là.

Dans la seconde partie, le roman devient plus classique, et du coup beaucoup moins percutant. On retombe dans les facilités du thriller avec un sursaut de certains suédois et une "résolution" du problème peut convaincante à mon goût. Mais le propos n'est pas là.

Un peu passé inaperçu L'épidémie est une claque monumentale à nos démocraties occidentales et une critique sévère de l'individualisme ambiant. La construction d'un système fasciste avec la bénédiction du peuple n'est pas si loin... prenons garde !!

Commentaires

  1. Intéressant !

    Qu'il soit publié dans une collec de roman noir est un peu bizarre je trouve. Tu trouves que ça se justifie ? Parce qu'en lisant le pitch on voit beaucoup de SF d'anticipation et pas beaucoup d'enquête policière.

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    1. C'est vrai que je n'ai pas relevé ce détail, il y a bien une enquête (journalistique) dans la seconde moitié mais c'est vraiment orienté anticipation, dystopie.

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  2. Rien que pour cette première partie et cette plongée glaçante dans le totalitarisme, le roman me tente. Dommage que la seconde partie soit moins convaincante.

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    1. Pas moins convaincante mais plus classique avec de "trop belles facilités" ;-)
      Mais c'est anecdotique. ;-)

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